Faire tomber la neige – Mido

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À l’approche des fêtes de fin d’année, Maé, neuf ans,  se sent toute triste. La magie de Noël semble avoir disparu. La capacité à s’émerveiller se consumerait-elle en grandissant? Et puis le souvenir de cette femme l’interpellant, en tendant ses mains sous le vent glacial à la gare, la hante… Maé a pourtant tout pour être heureuse, elle vient d’arriver de Bretagne pour passer les vacances en famille chez ses grands-parents adorés à Paris. La capitale étincelle de mille feux, comme le sapin dans le salon. Une bonne odeur de pain d’épice flotte dans la maison. Les sourires et les regards autour d’elle sont bons et bienveillants… malgré cela, tout paraît différent.
Il faudra que sa grand-mère l’envoie chercher dans le grenier un plat à dessert pour que la magie opère à nouveau. Car dans le bric-à-brac, elle bousculera, et brisera, une boule de Noël en verre renfermant une poupée. Et cette poupée qui attendait depuis si longtemps qu’on la secoue – pour faire tomber la neige… -, se mettra à parler. Maé reconnaîtra Princesse Caroline, celle qu’elle ne quittait jamais dans sa petite enfance. Aujourd’hui, délaissée et remisée dans le grenier… Et si cette poupée apportait un peu de bonheur dans le cœur d’une autre petite fille ?
Un joli conte de Noël, plein de douceur et de générosité, sur le partage et  l’émerveillement – qui n’a heureusement pas d’âge-.

 » (…) tu es ici au Pays des jouets oubliés, dans le cagibi des rêves enfantins. Toutes les poupées délaissées finissent leur vie dans les vieilles boîtes ou les placards. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est que certaines se retrouvent un jour, enfermées dans une boule de Noël. Souvent elles viennent alors décorer le buffet du salon. Elles soupirent en attendant d’écarquiller leurs yeux pour voir tomber la neige. Sais-tu que nous pouvons passer des heures à espérer être secouées? Et quelquefois, l’une d’entre nous, et c’est ce qui m’est arrivé, retrouve sa vie de poupée. »

Faire tomber la neige, conte de Mido, à partir de 8 ans, éditions Ex-aequo, septembre 2019 —

Tant que mon coeur bat – Madeline Roth

dsc00236-1Les mots de Madeline Roth cognent, s’entrechoquent et éclatent en nous. Ils bousculent et renversent. Créent des turbulences au coeur et des soubresauts à l’âme. Ça palpite, ça bat fort, ça tangue, ça terrasse. C’est la vie toute entière qui bouillonne, source intarissable. Ça déborde, c’est vif, c’est intense. Impitoyablement. Des mots hurlants, des phrases saisissantes de réalisme, des personnages criant de vérité. Tout est dit, tout est mis sur la table, comme ça en quelques pages. Sans détours ni demi-mesure. Avec justesse et intelligence. L’intime, le profond, la sensation.
Et l’amour au centre de ce tout ; puissant et dévastateur, brûlant et beau, fervent et emprisonnant, il voile la raison, heurte le coeur et malmène le corps.
Deux histoires d’amour, celle d’une emprise qui emmure et celle d’une honte qui broie.
Esra, lycéenne tombe sous le charme d’Antoine, la trentaine. Elle est séduite par son aura, son aisance pour jouer avec les mots, son savoir. Elle se laisse ainsi cueillir, emporter, étourdir, mener. Mais l’homme est dur, brutal et excessif. La jeune fille souffre mais continue de l’aimer. À la folie. Elle devient, entre les mains d’Antoine, une marionnette. On découvre Esra sur un lit d’hôpital, visité par Bastien, un ami qui lui veut du bien.
Cyril, aujourd’hui marié et père d’un petit garçon, apprend que Laura, une amie de jeunesse s’est donnée la mort. Ils entretenaient à l’époque une relation singulière. Un amour à sens unique. Il ne l’aimait pas. Malgré cela, Cyril n’a jamais oublié cette fille… Laura brûlait d’amour pour lui mais un poids énorme la maintenait au sol, une plaie ouverte marquait son corps, son coeur et son esprit. Et cela, il ne le savait pas.
Une écriture qui m’a profondément émue.

« Et là Esra s’écroule, elle s’écroule, elle tombe de la chaise, elle se met en boule, elle se cache les yeux avec les bras sur elle, elle dit : je veux juste l’aimer. J’ai besoin de l’aimer. De son amour dans ma vie. Elle dit tout ça et elle pleure et on la laisse là, allongée par terre, on vient se mettre à côté d’elle, on lui caresse les cheveux, on l’écoute et sa voix se fait de plus en plus douce, et petite, et elle murmure, et elle laisse de longs silences entre chaque mot, elle dit : Je sais pas si je suis folle mais je l’aime, ça fait un truc dans le ventre, c’est trop gros pour moi toute seule, c’est comme une boulimie, vous savez, y a rien qui comble ce truc dans le ventre qui appelle, y a rien qui comble, on mange, on avale des gens, des livres, des lieux, des amants, y a jamais rien qui comble, on fait le tour de son corps, du corps des autres, on dissèque tout, on l’épingle au mur, on appelle, on appelle les gens, on écrit des lettres, des journaux, on prend des photos, y a toujours rien vous comprenez ? On est un tourbillon qui engloutit tout et plus on mange et plus on a faim et plus on mange et plus le corps réclame, réclame des gens, de la chaleur, de l’amour et y a les années qui passent et ça ne change rien et on comprend pas pourquoi on est là à attendre. On attend. Voilà c’est ça moi j’attendais. Avant lui j’attendais. »

« Laura s’accrochait à la vie comme au-dessus d’une falaise. Elle baissait les yeux dès qu’un regard d’homme se posait sur elle. Elle fuyait l’attention, la tendresse, elle vomissait les caresses, les baisers. Elle haïssait tout ça, et quelque chose en elle le réclamait. Comme si elle se nourrissait de toute cette haine. On a pris ta fierté, ton honneur, ta virginité et on a souillé ton corps, ton âme, ton nom. C’est pas qu’un bout de peau qu’ils ont déchiré, c’est des lambeaux entiers, ils ont pris en un soir tout ce qui faisait de toi quelqu’un. Tu t’es perdue, et t’aurais tout donné pour te retrouver. »

«  Je voudrais te voir en dehors des nuits, des matelas posés au sol, des solitudes qu’on croit qu’on brise parce qu’on se colle l’un à l’autre, mais les matins les pires c’est ceux qui suivent les nuits dans tes bras, je voudrais des trucs bêtes, des trucs bêtes d’amoureux, se balader main dans la main autour du lac, manger une glace, faire des projets, pour l’été prochain, pour l’année d’après, des promesses à la con même si on les tient pas, des certitudes. Des rêve – même pas longtemps. Même pas très grands. Mais des rêves. »

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Tant que mon coeur bat, recueil de deux nouvelles de Madeline Roth, à partir de 13 ans, Éditions Thierry Magnier, Septembre 2016 —

Les Recettes des Contes de Fées – Charley Fouquet et Chloé Saada

LesrecettesdescontesdeféesQuelle délicieuse idée de mettre en scène les mets exquis qui parsèment les contes de notre enfance… la citrouille de Cendrillon, les galettes du Petit Chaperon rouge, les confitures de La bonne petite souris, les sablés de L’homme au sable, le pain d’épices d’Hansel et Gretel, les fruits confits des Malheurs de Sophie, le magret de canard au miel de La princesse Belle-Étoile, le pain perdu du Petit Poucet, les légumes farcis de Tom Pouce…
Un extrait de conte, un peu d’imagination – et d’extrapolation –, la liste des ingrédients, la recette – toujours facile à réaliser pour que les enfants puissent mettre la main à la pâte  – et une photographie délicate et gourmande au décor suranné.
Et, cerise sur le gâteau, tous les contes sont rassemblés à la fin du livre. Quel bonheur de retrouver Peau d’âne et sa robes couleur du temps, l’inquiétant Barbe Bleue, Sophie et ses bêtises, la délicate princesse sur un pois, le pays des merveilles d’Alice, et quelle joie de découvrir L’oiseau bleu de la Comtesse d’Aulnoy, Margot la Malice des frères Grimm, Le Jardin du Paradis d’Andersen…
Une jolie promenade culinaire au pays des contes. À lire et à manger sans modération!

«  – Miroir, miroir en bois d’ébène, dis-moi que je suis la plus belle. Et le miroir répondit à nouveau que Blanche-Neige était une merveille. Cette réponse fit trembler la reine de rage et de jalousie. Elle jura que Blanche-Neige mourrait, dut-elle mourir elle-même. Elle alla dans son cabinet secret et prépara une pomme empoisonnée. Celle-ci était belle et appétissante. Cependant, il suffisait d’en manger un petit morceau pour mourir. La reine se maquilla, s’habilla en paysanne et partit pour le pays des sept nains.
Ce que l’histoire ne dit pas, c’est que cette pomme était aussi une pomme d’amour. Car si la sorcière n’avait pas préparé cette pomme empoisonnée, Blanche-Neige n’aurait jamais rencontré son beau prince. » Blanche-Neige (Jacob et Wilhem Grimm)

« Lorsque le prince était encore enfant, sa grand-mère lui avait raconté que, dans le jardin du Paradis, chaque fleur était un gâteau délicieux, et que de leur poussière on tirait un vin exquis. Sur l’une était écrite l’histoire, sur l’autre la géographie, ou bien les règles de l’arithmétique, de sorte qu’on avait qu’à manger des gâteaux pour apprendre sa leçon. Plus on en mangeait, plus on s’instruisait.
Ce que l’histoire ne dit pas c’est que le prince était extrêmement instruit. En effet, il aimait tant les petits gâteaux qu’il en mangeait tous les jours de sorte que l’histoire, la géographie, la science et surtout l’arithmétique – puisque les gâteaux étaient des financiers –  , n’avaient plus aucun secret pour lui… » Le Jardin du Paradis ( Andersen)

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Livre reçu en Service de Presse.

Les Recettes des Contes de Fées, recettes et contes d’antan sélectionnés par Charley Fouquet, photographies de Chloé Saada, Éditions Favre, Décembre 2015 —

Le peuple des lumières – collectif

peuplelumièresLa confusion et le trouble règnent sur le monde. De quoi déstabiliser et fragiliser les plus jeunes. L’actualité brûlante, foisonnante de ces derniers mois et la violence engendrée perturbent les adolescents qui nagent dans un brouillard de faits qu’ils ne comprennent pas toujours. D’où l’importance de ce recueil collectif dont le but est d’éclairer les esprits et donner les outils pour saisir la substance.
Quatorze auteurs font raisonner leur voix à travers des textes adressés aux collégiens, mettant en lumière et en perspective le monde dans lequel on vit, des contrées éloignées aux quartiers d’à côté. Ils y évoquent l’obscurantisme, la liberté de penser, d’expression et de mouvement, le terrorisme, le fondamentalisme, les querelles religieuses, les réfugiés, la tolérance, les droits des femmes… Des textes de fiction qui soulèvent l’essentiel, favorisant l’esprit critique du lecteur, dans une démarche bienveillante et humaniste. Des histoires dures et révoltantes, dans lesquelles apparaissent ici et là des lueurs d’espoir.
Et parmi ces voix s’élève celle d’Abdalaziz Alhamza – le premier texte – , un jeune syrien réfugié en Europe, un résistant oeuvrant pour la paix de son pays. Il fait le récit de l’embrigadement des enfants de Raqqa par Daech, le témoignage est terrible mais nécessaire.
Un recueil à mettre dans les mains des adolescents dès treize ans. Car pour vivre ensemble il faut déjà comprendre l’autre, et c’est justement ce vers quoi tendent ces textes : une meilleure connaissance du monde, les prémices d’une réflexion, d’échanges et de débats d’idées.

« Cet homme, fier et courageux, qui n’avait pas hésiter à affronter les montagnes et leur rigueur pour s’exiler et venir jusqu’ici pour une vie meilleure se retrouvait en état de peur. Pourquoi cette folie ? Ne dit-on pas que l’homme est foncièrement bon ? L’est-il vraiment ? Ou alors n’est-il pas à la fois bon et capable du pire ? Quelle différence entre un musulman et un chrétien ou un juif ? Habitent-ils des mondes différents ? Ne sont-ils pas des hommes à égale valeur ? Oh, mon Dieu, apaise les coeurs, éloigne de nous la haine et la jalousie. Fais de nous des hommes bons et bienveillants les uns pour les autres. » Le destin des hommes, Y. Belaskri

« Parce que vous croyez qu’on fait ça par plaisir ? Qu’on quitte la fleur au fusil le lieu de sa naissance, le rivage où l’on a appris à marcher, la famille qui nous a élevé, les meilleurs copains et les filles dont on est tombé amoureux, la luminosité de l’Hindou Kouch et le goût du melon blanc de la plaine de Shamali ? Vous croyez qu’on délaisse le coeur léger ce qu’on a le plus aimé ? Tout ça pour devenir une ombre dans une cité grise d’Europe au terme d’années à cavaler de frontière illégalement franchie en frontière illégalement franchie, gibiers de chiens policiers, pour finir par dormir sans papier dans des foyers surpeuplés ou sous des rails de métro suspendus ? (…) Les migrants risquent leur vie pour venir ramper dans nos sociétés opulentes où les gens ont des façons qui ne sont pas des façons, où l’hiver dure toujours, où l’on se dit salut du bout des lèvres… » L’odyssée du treize, I. Thobois

« Les hommes m’ont conduite au jardin. Il était tard, minuit peut-être. Une chaleur animal montait de la terre. Mon coeur battait si vite que je n’avais plus peur. Le sang avait rattrapé les pensées. On me trimbalait en pleine nuit renversée sur une chaise. À travers les branches des mandariniers, j’ai vu briller les pointes du ciel. À seize ans, les filles rêvent de satin bleu.(…) La terre est retombée sur moi, elle a recouvert mes jambes de fille, elle s’est collée contre mes seins. Ma tête pouvait encore bouger. Les hommes là-haut comblaient la fosse avec ardeur. « Notre honneur est lavé! » clamait l’un. « L’honneur de la famille! » ajoutait l’autre. J’étouffais. Un masque si froid m’aveuglait. Alors, j’ai mangé la terre. Par les bronches et par l’estomac, la fin du monde s’est insinuée. » Crime d’honneur, H.Haddad

Livre reçu en Service de Presse.

Le peuple des lumières, recueil de nouvelles écrites par A. Alhamza, F. Andriat, F. Lalande, J-C Bologne, V. Engel, F. Laroui, Y. Belaskri, F. Tristan, B. Tirtiaux, I. Thobois, G. Polet, J. Jauniaux, H. Haddad et F. Hachtroudi, à partir de 13 ans, Collection double Jeu, Ker Éditions, Septembre 2015 —

Jean-Yves à qui rien n’arrive – Pierre Gripari

JeanYvesgripariPetit Jean a douze ans lorsqu’il rencontre Jean-Yves, un « grand » comme il dit. Grand par la taille mais aussi par l’âge, car Jean-Yves n’est plus un petit garçon ; il s’occupe des prêts à la bibliothèque, a un chez-lui, pas de parents, une vie ordinaire. Il est aimable avec tout le monde et se fond dans le paysage urbain sans problème. Si discret que personne ne connaît son nom, tous l’appelle Jean-Yves à qui rien n’arrive. Un homme sans histoire, apparemment… Pourtant, des histoires il en a plein la caboche !

C’est en allant chercher des livres à la bibliothèque que Jean entame une discussion avec Jean-Yves sur un sujet qui le préoccupe beaucoup : ses cauchemars. Toutes les nuits, il rêve de monstres abominables et cela le rend bien malheureux. Alors Jean-Yves lui explique que les monstres s’apprivoisent. Et que la plupart d’entre eux sont très gentils…

Depuis cette histoire de monstres, Petit Jean et Grand Jean-Yves sont devenus amis. Le jeune homme est un conteur extraordinaire : il transporte celui qui l’écoute dans un univers fantastique, joyeux, étonnant, loufoque et prenant. Jean est fasciné et toujours impatient de découvrir une nouvelle histoire mais un jour, Jean-Yves tombe amoureux de Joséphine Boissansoif… et à chacune de ses apparitions, Jean-Yves coupe le fil de l’histoire, ou la termine à toute allure ou encore ne la commence même pas…

Qu’il est plaisant de retrouver Pierre Gripari, son petit monde merveilleux et son écriture si vive et espiègle ; ses interventions intempestives, la musicalité de ses phrases, ses jeux de mots, ses dialogues savoureux, et le savant mélange de réalité et d’imaginaire dont il a le secret. Quant à l’illustrateur, il a su mettre en images les mots de l’auteur entre drôlerie et étrangeté. Comme Petit Jean, on est tellement happé par les histoires, qu’on souhaiterait ne jamais avoir à tourner la dernière page.

« Je le connaissais depuis toujours, mais seulement de vue. Quand j’étais petit (je veux dire encore plus petit, bien sûr), c’était déjà un « grand ». Il allait au lycée quand j’étais à l’école primaire, et il était soldat quand je suis entré au lycée. Il était fort et blond, souriant et rêveur, avec un épi sur le front, qui lui faisait retomber ses cheveux sur les yeux. Jean-Yves qui ? Je n’en savais rien. Personne ne l’appelait jamais par son nom de famille. Pour tout le monde c’était Jean-Yves. Si par hasard nous ajoutions quelque chose, alors nous disions : Jean-Yves à qui rien n’arrive. »

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Autre livre lu de l’auteur : Les contes de la Folie Méricourt

Livre reçu en Service de Presse.

Jean-Yves à qui rien n’arrive, histoires de Pierre Gripari, illustrées par Till Charlier, nouvelle édition, à partir de 7 ans, Collection Gripari poche, Grasset-Jeunesse, Août 2015 —

Blanche Neige et Grise Pluie – Grégoire Solotareff et Nadja

blancheneigegrisepluieIl était une fois une petite fille à la peau blanche immaculée comme la neige, la bouche rouge écarlate comme le sang et les cheveux noirs comme l’ébène. Elle avait pour mère une marâtre qui passait son temps à interroger son miroir magique afin de l’entendre dire qu’elle était la plus belle femme du royaume. Mais lorsque Blanche Neige, sa belle-fille, grandit, sa beauté n’a pas d’égal dans tout le pays. La marâtre demande alors à un chasseur d’abandonner la jeune femme dans la forêt immense et obscure… Blanche Neige découvre alors une chaumière et fait connaissance avec ses habitants, sept adorables nains… Et puis l’histoire continue avec l’arrivée de l’effroyable sorcière apportant à Blanche Neige une pomme empoisonnée, tristesse et mort s’ensuivent jusqu’à ce qu’un prince vint à passer sur le chemin… Vous avez naturellement reconnu l’illustre conte de Blanche Neige, conte que Grégoire Solotareff s’est amusé à détourner, et Nadja à  croquer.

L’auteur invente une demi-soeur à Blanche Neige, Grise Pluie, sans charme et triste comme la pluie. En revanche, elle a beaucoup d’esprit – mais ses siestes à répétition lui font manquer les grands événements de l’histoire…  – à l’inverse de sa soeur, innocente et naïve. Malgré elle, Grise Pluie se retrouvera elle aussi dans la forêt profonde et rencontrera sept nains, des vieillards «  calculateurs, pingres, sans coeur, sept petits fricoteurs malfaisants. »

Une bonne dose de fantaisie, une once d’ironie, des personnages hauts en couleurs, le tout parsemé de dessins drôlissimes, autant d’ingrédients qui feront bien rire les enfants – et leurs parents – à partir de sept ans.

« – Mange donc cette pomme, ma toute belle, tu vois bien qu’elle n’est pas empoisonnée, je l’ai mangée à l’instant même devant toi à moitié !

Là est la preuve par trois de la grande, immense, de l’insondable bêtise de Blanche Neige :

  1. Qui serait assez stupide pour acheter des rubans à une soi-disant marchande, – en plus maquillée en sorcière – au beau milieu de la forêt ?

  2. Qui, quelques jours après l’épreuve d’un étranglement (râté mais tout de même!), ouvrirait à une inconnue, et par dessus le marché se ferait coiffer avec son peigne ?

  3. Enfin et surtout : qui accepterait, achèterait, puis croquerait, une pomme à moitié mangée? 

Bref, on l’a compris, Blanche était plus belle que sensée. »

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Autre livre lu de l’auteur : Loulou, l’incroyable secret (avec Jean-Luc Fromental)

Livre reçu en Service de Presse. Illustrations en noir et blanc : épreuves non corrigées.

Blanche Neige et Grise Pluie, conte détourné de Grégoire Solotareff et Nadja, à partir de 7 ans, Collection Mouche, L’école des loisirs, Septembre 2015 —

Marius le chat, T.1 Drôles d’idées! – Erwin Moser

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Marius est un chat tigré. Il vit dans une charmante maisonnette à la campagne. Alentour ; montagnes, rivières, champs et forêts sont les lieux de ses (més)aventures. Car ce chat-là a le chic pour se mettre dans des situations loufoques ! Mais, comme tous les chats, il a la chance de retomber toujours sur ses pattes ! Souriant, curieux, aimable, serviable et malin, Marius est un chat très attachant. Quant à ses amis, Fino le hérisson, l’ours Bruno et Houhou le hibou ils sont toujours à ses côtés pour s’amuser et rire.

Premier tome de la nouvelle série d’Erwin Moser, Marius le chat est destiné aux jeunes lecteurs. Le petit format et la couverture souple favorisent la prise en main, les histoires sont brèves (6 pages), le vocabulaire est simple et explicite, les « vignettes » illustrées sont parfaitement raccord avec le texte en-dessous, et les chutes sont rigolotes.

Quatre histoires composent ce petit livre :

Le plus beau des hamacs : Marius entreprend d’installer un hamac entre deux arbres mais une fois dedans, son derrière touche le sol… aucun problème, le chat court chercher une citrouille… quelle idée farfelue est-il encore allé chercher… hé hé, qu’est-ce qu’il est malin ce Marius !!

Le roi des bricoleurs : Alors qu’il s’apprête à prendre son bain, Marius découvre que la baignoire a un trou. Son ami Fino est un super bricoleur, il va bien la réparer ! Quelle surprise le lendemain matin quand le chat découvre sa baignoire qui est devenue… une voiture!

Au secours ! : Bruno doit prendre un train, et il est très en retard. Marius décide de l’emmener à la gare dans sa belle voiture-baignoire, mais avec Marius, rien ne se passe comme prévu… et pourtant Bruno ne râtera pas son train !

À l’eau ! : En se promenant le long de la rivière, Marius aperçoit un landau flottant sur l’eau. Même si déteste l’eau, comme tous les chats, il n’écoute que son courage et tente par tous les moyens de ramener le landau sur la rive… une surprise l’attend à l’intérieur !

J’ai lu ces histoires à ma fille qui est justement en CP, en plein apprentissage de la lecture. Elle a beaucoup aimé et a ri à chaque chute. D’ici quelques semaines, elle les relira seule.

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Livre reçu en Service de Presse.

Marius le chat, T.1 Drôles d’idées, quatre histoires d’Erwin Moser, dès 6 ans, Casterman, Septembre 2015 —

Histoires du chien qui avait une ombre d’enfant – Hervé Walbecq

P1070694Entrez dans le monde imaginaire, poétique et drôle d’Hervé Walbecq et vous vous sentirez léger. Laissez-vous emporter par ses histoires d’une tendre loufoquerie où l’absurdité règne avec bonheur. Mais attention, ne prenez pas la légèreté pour de la désinvolture : car si l’approche est fantaisiste, le fond a du sens et touche les enfants, évoquant leur environnement, leurs relations aux autres, leurs angoisses, leurs désirs…

Dix-sept histoires se succèdent, sans lien véritable mais avec une résonnance tout de même les unes avec les autres. L’auteur s’est intéressé ici au corps, à ses membres, à ses manifestations, à ses capacités… : du nez – qui s’appelle Jean-Claude – aux oreilles – qui se reproduisent –, de la pêche aux larmes aux doigts vagabonds, des pellicules qui tombent du ciel – allant jusqu’à ensevelir un village entier – à l’ombre d’un enfant – qui un jour part sur le dos d’un chien – … il « explore » toutes les facettes de l’anatomie. Vous découvrirez aussi à quel point les rides sont précieuses, et qu’elles nous « racontent » comme personne !

Quant aux dessins, s’ils apparaissent minimalistes, regardez-les attentivement, ils disent tant de choses si on prend le temps de bien voir et d’aller au-delà du trait…

Des mots et des images qui parlent aux enfants, et aux adultes qui en ont gardé l’âme. Un voyage dans l’imaginaire, l’onirisme et le fantastique, qui aide à y voir plus clair dans le monde réel.

« C’est très difficile d’aperçevoir les pêcheurs de larmes. Ils vivent tout au fond de nos yeux et sortent seulement quand on pleure. Le reste du temps, ils se font tout petits, ils se blottissent au coeur de nos pupilles et ils attendent. Dès qu’une larme apparaît sur le bord de nos paupières, ils se glissent à l’intérieur et attrapent les petits poissons qui s’y cachent. Peu de gens savent que les pêcheurs de larmes existent car la plupart du temps les gens se cachent pour pleurer. Ou, s’ils ne se cachent pas, ils mettent un mouchoir sur leur visage et alors ils les écrasent sans même s’en rendre compte. » Les pêcheurs de larmes.

« Je suis allé m’observer dans sa salle de bain et là, j’ai découvert que j’avais la tête pleine de fleurs. Un vrai bouquet ! Depuis quelques temps justement, je me disais que le printemps était particulièrement parfumé. Où que j’aille, j’étais toujours accompagné d’une délicieuse odeur. J’avais remarqué aussi que les choses, sous mes yeux, prenaient parfois une teinte assez singulière. Quand je marchais, j’avais devant moi un très léger rideau d’étoiles. Comme si, de ma tête, il tombait de la neige. Pas de la neige blanche, mais plutôt jaune, comme le soleil. J’ai réalisé alors qu’après ma longue sieste, je ne m’étais pas passé la main dans les cheveux pour chasser le pollen resté sur mon crâne. Les petites graines avaient pris racine, les fleurs avaient poussé, et maintenant les pétales, à leur tour, s’envolaient de mes cheveux. Pendant mon sommeil, un jardin avait poussé sur ma tête! » Le jardin sur ma tête.

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Autre livre lu de l’auteur : Histoires de la maison qui voulait déménager

Livre reçu en Service de Presse.

Histoires du chien qui avait une ombre d’enfant, histoires écrites et illustrées par Hervé Walbecq, Collection Neuf, L’école des loisirs, Mai 2015 —

Les extraordinaires aventures de tous les jours – Claude Gutman et Ronan Badel

P1060501Voici six petites histoires sur le quotidien de Bastien, huit ans. Que ce soit à l’école, à la maison, avec ses parents, sa grande soeur Julie ou ses copains-copines, les journées de Bastien filent à toute allure. Entre les défis qu’il se lance, les bêtises qu’il commet, les angoisses qui l’ennuient, les expérimentations diverses, les grandes interrogations sur le monde, il ne voit pas le temps passer.

Mensonge : Quand Bastien entend toutes les choses extraordinaires faites par ses copains ; l’un est monté à bord d’une fusée, un autre a voyagé dans un sous-marin… il ne peut pas s’empêcher de dire un gros mensonge histoire de ne pas se sentir trop isolé, ses camarades sont stupéfaits et veulent une preuve de ce que Bastien avance…

Tout seul, le soir : C’est trop bien de se retrouver seul à la maison – pendant que parents et grande soeur sont partis au cinéma – on peut faire tout ce qu’on veut ! Mais, quand l’obscurité grandit, Bastien se met à avoir peur…

Mon animal : La sempiternelle question des enfants posée à leurs parents : « on peut avoir un chien ou un chat ou un lapin ou les trois ? Et la même réponse qui revient : « Et qui va le sortir le soir ? Lui donner à manger ? Le laver ? Jusqu’au jour où Bastien gagne un poisson rouge à la fête foraine…

Perdu : Toute la petite famille se retrouve à Disneyland. Bastien est aux anges, tellement excité qu’il court dans tous les sens et finit par se perdre. Et comme il est un petit garçon très obéissant, il se souvient des recommandations de son papa ; ne jamais parler à des étrangers…

La discussion : Une grande question est soulevée en classe : le Père Noël, il existe ou pas ? Très vite, les enfants se mettent à parler des croyances et des différentes religions…

Une folle envie : Bastien ne fait pas pipi de la journée à l’école, il se retient jusqu’au soir. Le fait est que les toilettes de l’école ne sont pas très propres… On suit son parcours du combattant jusqu’à la délivrance…

Ce petit livre évoque avec justesse et intelligence les préoccupations des enfants de cet âge-là, leur cheminement pour grandir. Plein d’humour, les petits lecteurs souriront et se retrouveront à travers les peurs, les doutes, les incompréhensions, les joies de Bastien.

P1060503P1060504P1060505Livre reçu en Service de Presse.

Les extraordinaires aventures de tous les jours, six petites histoires écrites par Claude Gutman et illustrées par Ronan Badel, dès 7 ans, Castor Poche benjamin, Flammarion, Avril 2015 —

Pas si méchant – Marie-Aude Murail et Jean-Luc Cornette

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J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Marie-Aude Murail à travers les trois « short stories » qui composent ce petit livre. Des histoires mêlant des personnages de contes, des animaux et des hommes, entrelaçant le quotidien et l’imaginaire, parlant d’amour et de principes, de grandes méchancetés et de petites gentillesses, et vice-versa.

Pas si méchant :

Première histoire qui donne son titre au recueil. On y parle de trois ogres bigrement affamés dévoreurs de petits enfants aux noms évocateurs : Boufpatan, Boufpatro et Boufpatou. Boufpatan est bien pensif, il se pose des questions sur la vie des ogres, leur méchanceté et leur insensibilité. Alors quand un petit mousse rescapé d’un naufrage fait irruption dans leur tannière, l’ogre va s’aperçevoir qu’il a un coeur, un coeur qui a un extraordinaire pouvoir ; celui d’aimer.

Les séquelles

Qu’il est difficile de trouver sa place dans la famille quand on est le dernier-né… Le petit lapin Tibou Nulantou va en faire la triste expérience. Entre Quiqui Pomplair, le chouchou de papa lapin et Nénette Niaqua, la préférée de maman lapin, Tibou Nulantou se sent bien seul. Il a beau être super en tout, ses parents ne font pas attention à lui… mais un jour le petit dernier de la famille lapin attrape une maladie qui lui laissera quelques séquelles, dixit le docteur : « des crises de bêtises, des poussées de caprices, des accès de mauvaiseté ». La famille va alors commencer à s’intéresser à lui.

Papadacore

Véronique et Jean-Pierre en ont assez des principes de leur père. « Par exemple, lorsque son fils, Jean-Pierre, souhaitait sortir pour aller au cirque, Monsieur Bontemps lui répondait d’un air satisfait : – Je suis d’accord sur le principe de sortir. Mais le jardin public est beaucoup plus près que le cirque et l’entrée est gratuite. » Un jour où ils étaient au jardin public justement, il firent la connaissance d’un lutin nommé Papadacore qui leur donna une pièce de monnaie magique. Face, on est d’accord, pile, on n’est pas d’accord. Les deux enfants vont découvrir à leur dépens, que l’instauration de certains principes facilitent pourtant bien la vie.

Un livre à l’humour piquant et parsemé de réflexions sensées et touchantes pour amuser le petit lecteur, mais aussi pour qu’il gamberge. Quant aux illustrations tendres et rigolotes, elles sont signées par le dessinateur de bande-dessinée Jean-Luc Cornette.

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Autres livres lus de l’auteure : De grandes espérances, 3000 façons de dire je t’aime

Livre reçu en Service de Presse.

Pas si méchant, histoires courtes de Marie-Aude Murail, illustrées par Jean-Luc Cornette, Ker Éditions, Collection Double Jeu, Avril 2015 —