Marie-Aude Murail nous embarque cette fois dans l’univers feutré et confidentiel du théâtre avec l’ombre planante des grands auteurs ; Molière, Corneille, Racine, Beaumarchais, Ibsen, Rostand, Anouilh… et leurs textes qui résonnent en chacun de nous. En suivant les pérégrinations de trois jeunes gens qui s’engagent dans cette voie artistique, elle nous fait découvrir l’envers du décor ; les répétitions, la mise en scène, le don de soi, la farandole de personnages, le travail des comédiens. Bastien, Chloé et Neville ont le désir intense de voir le lourd rideaux en velours se lever devant eux et entrer dans la lumière.
Anciens camarades de classe, ils ont été marqué par leur professeure de français de cinquième – qui ne supportait pas les livres à la fin heureuse –, celle-ci les ayant emmenés voir une représentation de Dom Juan. Ce jour-là, chacun d’eux a ressenti une émotion qui ne les a jamais vraiment quittés. Si les trois copains se perdent de vue, cette pièce reste gravée dans leur esprit.
Ils se retrouvent donc des années après au conservatoire d’art dramatique de leur ville. D’origines sociales différentes, chacun arrive avec sa propre personnalité, ses envies et ses angoisses. Qu’ils aiment les scènes comiques ou tragiques, qu’ils soient attirés par la puissance des mots ou les gesticulades, ils sont là pour se découvrir, se transcender, aller au plus profond d’eux-mêmes. Si pour l’un d’eux, endosser un rôle permet d’oublier une vie monotone, pour un autre, jouer des personnages est une manière de trouver sa propre identité. Quant au troisième, cela lui donne une force et une confiance qui lui font défaut.
Chacun sa quête, pour une passion commune.
Chloé est jolie comme un coeur mais est mal à l’aise dans son corps. Elle ne parvient pas à s’ouvrir. Est-ce de la timidité, de la pudeur, est-ce dû à sa famille exigeante ? Pour faire plaisir à ses parents, la jeune femme entre en classe préparatoire et suit en parallèle des cours de théâtre. Volontaire, elle s’accroche..
L’ambition de Bastien est de faire rire. Ses parents sont épiciers et leur vie quotidienne n’est pas très joyeuse. Le jeune homme aimerait tellement insuffler de la joie de vivre. Mais Bastien caricature beaucoup et a de sérieux problèmes de mémorisation…
Neville est charismatique. Ce beau ténébreux vit seul avec sa mère, une femme de ménage, à la santé fragile. Ne connaissant pas son père, il semble chercher à travers le théâtre une identité. Mais le jeune homme doute beaucoup de ses capacités.
Monsieur Jeanson leur professeur, croit fort en leur potentiel artistique. Il sera à leur côté dans toutes circonstances. Il sera leur guide et leur ami.
Ce roman suit l’élévation de ces trois personnages à travers leur passion du théâtre, on les voit grandir, s’affirmer, se faire confiance, se soutenir les uns les autres, renoncer aussi. Ils font ensemble l’apprentissage de la vie et si chacun finira par trouver son propre chemin, leur amitié quant à elle sera scellée à jamais.
« Bastien resta debout derrière eux sans se manifester. Affalés dans leur canapé, ses parents regardaient Jacques Villeret se démener au beau milieu du Dîner de cons. La tristesse saisit Bastien à la gorge sans crier gare. Il la délogea en secouant la tête et partit s’enfermer dans sa chambre. Il ferait rire. C’était sa vocation. Il ferait rire les gens fatigués qui s’affaissent le soir devant leur télé, la zapette à la main. Le rire consolateur, le rire libérateur, le rire médecin! »
« — Allons, jeune fille… Comment t’appelles-tu ?
— Chloé.
— Chloé. Du courage, Chloé ! Au théâtre on est d’abord un corps, un corps en pleine lumière que dix, vingt, cent, mille personnes regardent et détaillent. Un corps avec des jambes, pose bien tes pieds au sol, voilà. Lâche tes mains, ne cache rien. Tu as un corps avec des seins, tu es un corps de jeune fille. Maintenant, respire, respire…
Chloé était devenue écarlate. Jeanson s’écarta d’elle, après une petite tape sur l’épaule.
— Le premier langage est celui du corps. Les mots, ça vient après… »
— 3000 façons de dire je t’aime, roman jeunesse (à partir de 12 ans) de Marie-Aude Murail, L’école des loisirs, Août 2013 —
Déjà repéré et noté ! Marie-Aude Murail, dans le monde du théâtre, au moins deux bonnes raisons de m’intéresser à ce livre !
Toujours un bonheur de lecture, les romans de Marie-Aude Murail.
Cela me fait très envie car j’ai une passion pour le théâtre et je monte une pièce chaque année avec mes élèves. Je lirai donc ce livre.
Marie-Aude Murail a toujours le ton juste pour s’adresser aux enfants et aux adolescents. Dans ce roman, elle sonde l’intime des ses trois personnages avec la délicatesse qu’on lui connaît. Le théâtre doit être une merveilleuse école pour « se découvrir », « se débarrasser de sa carapace », des préjugés,… Un monde d’apparence qui reflète pourtant une réalité implacable parfois. Ce doit être une belle aventure chaque année pour toi et tes élèves de monter une pièce.
De bons souvenirs de cet auteur, du temps ou je lisais beaucoup de livre à mon fils .
Son ton est toujours aussi juste. C’est toujours agréable de lire cette auteure.
chouette alors ! Tu penses s’il est déjà sur l’étagère 🙂
Je vois que tu fais aussi partie des nombreux « fans »de Marie-Aude Murail!
Elle m’a tellement enthousiasmée avec Oh, boy ! que je la suis le syeux fermés. La couv’ est sensas. Bises
Encore un chouette roman!