Broadway Limited T.2 Un shim sham avec Fred Astaire – Malika Ferdjoukh

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Plus que deux jours à attendre et vous retrouverez sur les étagères de votre librairie préférée le tome 2 de Broadway Limited (vous pouvez aussi le gagner grâce au concours!). Quelle joie de lire la suite (chronique du T.1 : Un dîner avec Cary Grant) des aventures new-yorkaises des hôtes si attachants et charmants de la pension Giboulée ; Etchika, Jocelyn, Page, Manhattan, Hadley, Ursula et Chic.

C’est l’hiver à New York. En ce janvier 1949, le brouillard a revêtu la ville d’un manteau  épais. Mais le froid n’a pas engourdi l’esprit des pensionnaires. Ils rêvent toujours de danse, de théâtre, de cinéma, de chant, ils désirent plus que tout fouler les planches de Broadway, éperdument fascinés par les lettres géantes des grands noms du music-hall s’étalant sur les enseignes lumineuses de Time Square. Évidemment, la réalité jette parfois ombre et déception sur le désir. Derrière les paillettes les étincelles et les sourires, des coeurs battent, des chagrins anciens remontent à la surface, des désillusions apparaissent. Le monde du spectacle ne se laisse pas approcher si facilement et le talent ne suffit pas toujours… Jocelyn le pianiste trouve un job de liftier dans un gratte-ciel quand Dido son amoureuse, contestaire de l’ordre établi, semble prendre ses distances. Hadley garde espoir de retrouver un jour Arlan son beau soldat, père de son petit garçon, sa carrière de danseuse en suspens elle travaille dans un club, au vestiaire… où un certain Fred Astaire croisera son chemin – pour la seconde fois… Manhattan, habilleuse d’un acteur, Uli Styner, désespère qu’il ne la reconnaisse pas… Page est soucieuse et impatiente, réussira-t-elle à intégrer l’Actor’s Studio…

Les journées filent à toute allure, les rencontres heureuses ou malheureuses s’enchaînent, le jazz est là envoûtant et entêtant, les artistes confirmés sont des idoles, leurs étoiles brillent et non loin se démènent les jeunes gens plein d’espoir qui ont le coeur au ventre et avancent la tête haute.

Et pendant ce temps, le monde continue de tourner avec soubresauts – discrimination, ségrégation, chasse aux sorcières, racisme, évolutions technologiques, emprise des médias, les traces indélébiles laissées par la guerre…).

Avec vivacité et sensibilité, Malika Ferdjouck nous livre ici une saga captivante grisante et haletante. Le parcours de chaque personnage serpente au gré des obstacles et des aubaines, la musique emporte, les émotions éclatent, des révélations se font jour.

Dans l’attente du tome 3 ; Un thé avec Grace Kelly…

« – Que dirais-tu d’installer un poste de télévision chez nous? (…) – On l’installerai dans le salon. Recluse comme tu l’es dans cet appartement, tu ne la verrais pas, tu ne l’entendrais pas. Je veillerai à ce qu’elle ne te dérange en rien. Tu ne sauras même pas que nous en avons une. – Sais-tu? Tu arrives encore à me surprendre. (…) Tu as envie réellement envie d’une telle chose? (…) Oui, Artemisia. Je veux réellement cette chose qui fait traverser les horizons, les mers, les jungles, et descendre le Colorado, clama-t-elle en une sorte d’envolée de tragédie mûrement répétée. Qui me permettra de réaliser les voyages que je ne fais pas et ne ferai jamais… »

« C’était une de ces journées pâlottes où le Chrysler Building a l’apparence d’une bougie sur un gâteau de fête, et New York, romanesque, exaltée, au bleu irréel, d’un aquarelle de Georges Barbier. Ou d’une robe de pique-nique de chez Schiaparelli, aurait plutôt estimé Chic. Jocelyn tourna sur Broadway dès la 72ème et cabota au gré de la marée humaine. Il prenait soin de toujours gardé quelques nickels au fond de la poche à cause des mille boîtes à surprises qui parsemaient cette ville étonnante. On y glissait une pièce, et hop, l’on moissonnait un fruit rafraîchi, un sandwich au pastrami, une bouteille de limonade, la dernière édition du New York times… »

« D’une jeune quarantaine, Mrs Chandler portait le chignon et la paire de lunettes des bibliothécaires de cinéma, sauf que son chignon était joyeux car hardiment perché. Des lunettes papillon laissaient le champ libre aux lueurs espiègles de ses merveilleux yeux gris. Hadley était persuadé que, dans une vie antérieure, Mrs Chandler avait été star à Hollywood. Il lui en restait une allure à la Carole Lombard, des talons fort pointus, un rouge inoubliable aux lèvres, une collection de corsages aux géométries insensées. (…) – Je suis désolée, dit-elle. Toujours pas de Petite Dorrit. Un jeune homme l’a emprunté… il avait des mains de musicien… »

« Nous voilà arrivés au Bop-cha. C’est ma chère Rosette, exactement ce que tu peux imaginer d’une boîte de jazz, à New York. Dehors, il était 19heures 30. Dedans, déjà 4 heures du matin… »

« -Un jour… Quand les Martiens auront envahi l’Amérique et le monde, on possédera peut-être tous un téléphone dans la poche, on appellera qui l’on veut, quand on veut, d’où l’on veut. (…) – Comment pourrait-on se balader en traînant un kilomètre de fil téléphonique derrière soi? On s’emmêleraient dedans… ce serait lourd. Et trop court de toute façon. « 

« Le Haxo Building était une ville verticale. (…) On pouvait y habiter, travailler à l’un de ses nombreux bureaux, acheter des fleurs ou du poulet rôti aux boutiques du centre commercial, s’y faire coiffer, s’y habiller, s’y chausser, prendre un repas dans l’un des trois restaurants, consulter un médecin, un avocat, une voyante, y faire garder son bébé, y apprendre le paso-doble, la trompette, le billard, la dactylo, pratiquer un sport, trouver un publicitaire, régler ses problèmes administratifs, poster son courrier… sans jamais quitter le building. Pour drainer le flux, quatre ascenseurs faisaient du trampoline sur la façade de Madison Avenue, quatre autres à l’arrière. Cerise sur le gâteau de pierre : la piscine au sommet. »

Broadway Limited T.2 Un shim sham avec Fred Astaire, roman de Malika Ferkjoukh, dès 13 ans, L’école des loisirs, novembre 2018 —

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