Summer Kids – Mathieu Pierloot

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Finis les cours, terminée la Terminale, bye-bye le lycée, le bac est dans la poche. L’été s’annonce et Antoine, dix-huit ans, est brisé par un chagrin d’amour, désorienté par l’achèvement de sa scolarité, troublé par l’inévitable séparation  de sa bande de copains, contrarié par l’arrivée du nouveau compagnon de sa mère. Le moral en berne, l’esprit confus, Antoine est complètement désarmé face à son avenir… Contrairement à Hanna, Medhi et Alice, il ne sait pas ce qu’il fera à la rentrée. Il ne s’est inscrit nulle part. Cette fin de partie l’a anéanti. Il ne l’avait pas vu venir, ce boomerang. Ce moment où tout s’arrête et tout doit recommencer, ailleurs et autrement. C’est brutal. Seul repère auquel s’accrocher : son job d’été dans une maison de retraite. Quand il ne travaille pas, il ressasse sa rupture amoureuse avec Hanna. Il ne comprend pas qu’elle l’ai laissé, comme ça, sans explication. Cela l’obsède, lui prend tout son temps. L’été file à toute allure, les soirées arrosées se succèdent… Sa rencontre avec Noémie, une jeune fille optimiste vive et audacieuse et les relations qu’il entretient avec certains pensionnaires de la maison de retraite entraînent chez lui clairvoyance et bienveillance. Antoine prend de l’assurance. Les doutes et les craintes se dissipent. Les priorités se dessinent, l’amour perdu s’évapore dans des lendemains qui chantent.

Qu’il est émouvant, bouleversant et violent ce passage à l’âge adulte, ce moment transitoire où il faut esquisser sa vie future, poser des jalons, lâcher l’enfance et l’adolescence sans pour cela l’oublier. Avec réalisme et sensibilité, l’auteur évoque cet été pas comme les autres en usant de dialogues percutants et pertinents de playlists savoureuses et en dépeignant une génération et des personnages attachants. J’ai beaucoup aimé.

« J’y pensais souvent, moi aussi. la fin du lycée marquait la séparation inévitable de ce qu’Alice appelait le « groupe ». Medhi irait en fac de droit, Hannah intégrerait une école de commerce et Alice irait faire médecine, probablement à l’autre bout du pays. Et moi… Je serais quelque part en train de faire quelque chose. Dans quelle ville, dans quelle fac? J’en n’en avais aucune idée. Tout ce que je savais, c’était que rien ne serait plus pareil. Chaque fois que j’y pensais, ça me flinguait le moral. Mais Alice, honnêtement, je la croyais au-dessus de tout ça. Alice était dure. elle avançait droit devant elle. – Je ne savais pas que ça te touchait autant… ai-je murmuré. – On se voit tous les jours depuis plus de dix ans, Antoine. Je t’ai connu quand tu jouais au Pokemon et que Mehdi venait à l’école en sandales! – Tu devrais lui rappeler parfois, tiens… – On va faire semblant de rester en contact. On va peut-être même y croire au début, a poursuivi Alice. Un texto de temps en temps. Un mail. Un message d’anniversaire sur les réseaux sociaux. Rien que d’y penser, ça me déprime… Je savais qu’elle avait raison. Il y avait peu de chance que cela se passe autrement. »

Summer Kids, roman de Mathieu Pierloot, couverture de Martin Labelle, dès 16 ans, L’école des loisirs, Août 2018 —

5 commentaires sur “Summer Kids – Mathieu Pierloot

  1. « Qu’il est émouvant, bouleversant et violent ce passage à l’âge adulte, ce moment transitoire où il faut esquisser sa vie future, poser des jalons, lâcher l’enfance et l’adolescence sans pour cela l’oublier »… je trouve ce passage de ta chronique très beau et très juste. Ce n’est qu’après coup que l’on se rend compte de cela car sur le moment à 18 ou 20 ans on vit à fond en ce disant que les lendemains seront toujours les mêmes.. et puis un jour on vieillit.. (ce qui n’est pas une catastrophe en soi) J’ai toujours autant de plaisir à découvrir tes critiques si bien écrites. Excellent weekend Nadège 🙂

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