Mauve – Marie Desplechin

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Quand Verte et Pome reviennent du collège, un hématome sur le visage de cette dernière, Ray son grand-père, policier à la retraite, prend les choses en main. Il commence par interroger les deux jeunes filles – des apprenties sorcières – qui finissent par lui dire la vérité avant d’avoir tenté de noyer le poisson : une nouvelle – Mauve – est arrivée dans leur classe liguant tous les élèves contre elles. Entre insultes, moqueries, coups bas, et même jets de pierres, les inséparables sont sur le point de craquer… Ray pose immédiatement un mot sur ce qu’elles subissent : harcèlement scolaire. Ni une ni deux, il empoigne son téléphone et appelle la chef de l’établissement dont la vision des faits diffère : Verte et Pome aurait cherché la bagarre ! Ray ne se démonte pas et contacte la police, qui elle ne semble accorder aucune importance à cette situation…

Bientôt la contamination de noirceur et de méchanceté gagne tout le quartier, les voisins s’allient à un certain Albin Fontaine-Des fontaines contre Clorinda, la mère de Pome. Anastabotte, Euphronie, Clorinda, Ursule, Verte et Pome ont une alors une impression de déjà-vu : une chassse aux sorcières ! Mères et grands-mères semblent tellement dépassées par ce qui arrive que Verte, très en colère, décide de se rendre seule dans l’Entre-deux Monde pour affronter le Mal. Courageuse, volontaire, elle est bien décidée à ramener la paix, la douceur, la tolérance en bousculant les traditions ancestrales.

Un roman choral où les personnages principaux prennent la parole tour à tour – à chaque chapitre – donnant ainsi un ton, un langage et un ressenti différents. L’auteure réussit parfaitement à mêler la réalité avec le quotidien de collégiennes, la vie d’un quartier avec l’imaginaire et son cortège de magie, de mystère et de supers pouvoirs. Elle évoque le harcèlement scolaire qui touche de nombreux collégiens, l’ostracisme, le regroupement d’individus autour d’un meneur, et puis parle de la solidarité, de l’amitié, de l’ouverture d’esprit, de la transmission entre générations. Ajoutons également que l’humour ne manque pas !

Je vous conseille de lire les deux précédents ouvrages de la série, ne les ayant pas lu moi-même, j’avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans cette grande famille de sorcières, confondant souvent les protagonistes, méconnaissant leurs liens et autres références au passé.

« Derrière un petit groupe d’enfants qui bavardaient en traînant leurs cartables, une gamine marchait lentement. Ses longs cheveux soigneusement peignés se tordaient en boucles à leurs extrémités. Elle se tenait très droite, ce qui donnait à sa façon de marcher quelque chose de particulier. Les enfants ont le corps souple et plein de vie. Courir, sauter, se balancer, voilà ce qu’ils veulent. Mais cette petite personne marchait toute raide dans son manteau, à l’écart des rires et des conversations. Elle ressemblait à un soldat minuscule casqué de cheveux. Le plus frappant était son regard, qui restait fixe et comme posé dans le vide. Ce n’est pas qu’elle était mal à l’aise, grave ou inquiète comme le sont certains enfants. C’est qu’elle se tenait en dehors d’un monde qui n’était pas assez bien pour elle. »

« Quand je me suis approchée, les pierres enchâssées dans l’anneau se sont mises à scintiller. C’était vraiment beau et j’ai été saisie d’une envie folle de mettre cette bague à mon doigt. Je l’ai prise et je l’ai glissé à mon index. Elle s’est ajustée d’elle-même. Le scintillement est devenu clarté rayonnante. Toute la cuisine était illuminée. Il s’est alors passé une chose très étrange : je me suis mise à partager mon esprit avec la bague. Ce qu’elle savait, je le savais aussi. »

« – Nous avons été chassés, pendus, brisés, brûlés a dit la voix. Il n’y a pas eu un temps sans camps, gibets, tortures, bûchers, et victimes pour les alimenter. Pas un, tu m’entends ! Et pourtant nous avons gardé l’espoir. Pourquoi ? Parce que le Mal ne revient jamais seul. Il est toujours suivi d’une petite gourde aventureuse, armée d’une hache et d’une sarbacane. Elle a porté de nombreux noms au cours de l’Histoire. Aujourd’hui, pour moi, elle s’appelle Verte. »

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 Livre reçu en Service de Presse.

Mauve, roman jeunesse (dès 9 ans) de Marie Desplechin (suite de Verte et Pome), Collection Neuf, L’école des loisirs, Septembre 2014–

12 commentaires sur “Mauve – Marie Desplechin

  1. J’avais adoré les deux précédents romans quand je les avais lus plus jeune. Je n’étais pas au courant qu’un nouveau tome était sorti…Effectivement, c’est sans doute mieux lorsqu’on connaît déjà un peu les personnages. Enfin, pour un cadeau à un enfant qui a le goût des livres, ça fait une petite trilogie sympa et originale !

    1. Je comprends que les filles aiment ces romans, ils sont vraiment très bien écrits avec un bon dosage entre l’imaginaire et les préoccupations quotidiennes d’enfants de 9-12 ans.

  2. J’ai adoré Verte et tous ses personnages, les femmes sont toutes puissantes, c’était ma première expérience de lecture audio et franchement c’était une réussite ;0) Je lirais avec beaucoup de plaisir les deux tomes suivants !!

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