Quel bonheur, ce roman! En vers, du début à la fin! Un texte à dire, la poitrine ouverte, le cœur haut! Se laisser porter par sa petite musique interne, se fondre dans l’histoire, être tous les personnages à la fois, vivre toutes les situations! Car dire, c’est tellement différent, intense. Tout prend sens plus vite, plus fort. Tout parait plus vrai, plus sensible, plus proche. Les émotions sont décuplées. La lecture se fait jeu, se fait vie. On en devient réellement acteur, on mène la danse. On décide du flot, de l’intonation. On crée une harmonie. On s’approprie le texte, on fait ami-ami avec lui. On prend son temps. Et du plaisir, surtout! Bref, l’idée est belle. J’ai adoré! Alors l’histoire la voici, en quelques mots : Julien va faire sa rentrée en 6ème, mais lui, le petit bourgeois le fils du maire n’ira pas à Voltaire comme ses congénères, mais à Rostand en Zep. Et ça le démoralise. Peur de ne pas s’intégrer. D’être même lynché. De se retrouver malheureux… Et bien, dès le premier jour, il voit Nour, et son regard sur elle est comme paralysé. Un coup de foudre. Réciproque. Seulement, un gars à casquette à l’œil noir et hostile veille et protège, prêt à bondir. Le frère de Nour. Contre toute attente, Julien parviendra à se faire sa place, à devenir même un « élément » indispensable, grâce au pouvoir de la musique des mots et du chant, qui va les lier tous très fort et faire battre les cœurs et soulever les corps. Un roman poétiquement beau tendre et humain tant sur la forme que sur le fond.
« Julien est fasciné,
Son cœur s’est arrêté,
Son sang bout dans ses veines
Pour une jeune reine.
Elle est là, merveilleuse, au milieu de la foule,
C’est un joyau parfait sorti d’un précieux moule.
Sa peau, couleur cannelle,
Le regard caramel.
Elle a le menton haut, les yeux sauvages et fiers,
La mignonne prévient : je suis une guerrière!
Ils se touchent des yeux,
Julien rejoint les cieux,
Oui, c’est un coup de foudre,
Mais l’amour sent la poudre…
Le garçon en casquette a un regard d’orage. »
« Qu’on m’laisse une chance et j’irai loin.
J’veux pas planer, j’crache sur les joints.
Quand j’me sauv’rai, on s’ra deux cœurs,
Le mien, et puis celui d’ma soeur.
Tchao résidence Les Renards!
Pour l’évasion, j’s’rai pas en r’tard.
Mais j’suis coincé dans mon bocal,
J’vais dev’nir dingue, pir’ qu’un big squale. »
— Bande de poètes, roman jeunesse d’Alexandre Chardin, dès 11 ans, Casterman, mars 2021 —