N’oublie pas les oiseaux – Murielle Magellan

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Ce roman est le portrait d’un amour, un amour d’une saisissante vérité. Son éclosion. Ses tâtonnements. Ses humeurs. Ses soubresauts. Ses palpitations. Ses flottements. Ses tiraillements. Sa volupté. Sa sensualité. Son audace. Sa mélancolie. Sa détresse. Son poids. Sa légèreté. Sa force. Sa fragilité. Ses brèches. Son ébullition…

Un amour vrai parce que vécu, apprivoisé, effeuillé, décrypté, analysé.

Un amour mis en mots. Des mots sincères, authentiques. Des souvenirs lointains toujours présents. Des fragments bruts de sentiments notés sur des carnets d’écolier au fil des années par Murielle Magellan elle-même puisque que c’est de sa propre histoire dont il s’agit ici. De son amour pour l’homme slave. En partant de ces bribes, elle tisse le récit d’un amour véritable et passionné où règne la sincérité, l’émotion, la violence et la fantaisie.

Un roman irradiant une lumière naturelle tour à tour douce, flamboyante et foudroyante qui s’étiole peu à peu sans pourtant s’éteindre. Même par delà la mort, elle vacille encore.

Vingt ans d’un amour. De l’innocence de la jeunesse à la sagesse de la maturité, de l’admiration à la déconvenue, du rêve à la réalité, de l’espoir aux tourments.

Murielle n’a que dix-sept ans lorsqu’elle tombe sous le charme ténébreux de son professeur. Il a le double de son âge. Il est beau, brillant, fascinant, désarmant, abyssal, désirable. Il est aussi libre comme l’air, infidèle, séducteur, ensorceleur.

Elle décline leur amour en mouvements. Ces mouvements que font les vagues sans doute… le ressac, le va-et-vient incessant, les aller-retours des sentiments.

Un amour tumultueux. Mais toujours ce lien indefectible entre eux, scellé à jamais par l’enfant qu’ils auront ensemble.

Une histoire intense, envoûtante, romanesque, désarçonnante et émouvante.

 

 » L’absent. Il était l’absent. L’homme qui échappe. Il était l’homme de référence. Il était l’homme que je voulais croiser, dans la rue, par hasard. Je le guettais parfois, j’espérais qu’il apparaisse. Les autres ont-ils aussi dans leur vie l’espoir d’un être à croiser ? Ou était-ce moi seulement qui avait cette bizarrerie-là?  »

« (On tire des traits. On met des points finals. Mais ça n’est jamais tout à fait fini. On parvient rarement à réaliser cette coupure nette et propre que l’on souhaite. Parce que l’on n’est pas seul à jouer. Il y a l’autre. Qui rappelle. Qui ne veut pas se faire insulter quand même, même s’il est un salaud. Qui veut essayer, lui aussi, de terminer joliment son histoire, à sa manière, alors que de votre point de vue à vous, c’est trop tard pour que ce soit joli. Mais pas de son point de vue à lui. Il faut composer. On veut trancher et notre geste soulève un nuage de sciure impossible à balayer totalement. Qui pique les yeux. Rien n’est jamais tout à fait fini. Le seul trait que l’on puisse vraiment tirer, c’est quand on n’est plus en état de le faire. Occis. Et ça ne déplaît pas, en réalité, ces fausses fins perpétuelles. L’hypothèse de la renaissance.) »

« C’est à Port-Vendres que notre enfant fit ses premiers pas. C’était un roc rieur et explorateur. Sac de joie. Très visiblement, il ne voulait pas se laisser envahir par la tristesse de ses parents, devenus historiques. Il y avait des trucs beaucoup plus importants à expérimenter, lui ! Et moi, je le soutenais dans son projet d’asticot ! D’accord ! Luttons ! Ne soyons pas les victimes torturées du break down de son papa. S’il voulait plonger, l’autre, ce serait sans nous. Ou au moins, sans son fils. Marche, marche, mon enfant ! Cours. Cogne-toi. Relève-toi ! Ris. Rigole. Parle ! Vas-y ! Lance-toi! »

Merci à Asphodèle pour ce livre voyageur, voir son billet.

N’oublie pas les oiseaux, roman de Murielle Magellan, Julliard, Janvier 2014 —

16 commentaires sur “N’oublie pas les oiseaux – Murielle Magellan

  1. Il est beaucoup d’amours, mais peu d’amours purs, vrais, qui vivent au-delà de la mort. Ta critique est touchante. J’aime quand les auteurs se mettent à nue… J’ai très très envie de ce livre, qui me semble tellement émouvant. Bon retour ma chère Nadael…. Celui-ci était une lecture de vacances?
    Bisous

    1. Je crois n’avoir jamais lu une histoire d’amour ainsi (sur sa longueur). L’écriture est très agréable par sa sincérité et sa spontanéité (proche de l’oralité parfois). On est plongée dans la vraie vie pas dans une fiction. D’habitude je ne suis pas touchée par les auteurs qui se racontent mais là l’auteure a su m’emporter avec elle dans son histoire. Ce roman te plairait, j’en suis convaincue. Et pour répondre à ta question : j’ai lu ce livre avant de partir. Depuis une quinzaine de jours je lis des livres de la rentrée littéraire… en ce moment, je passe un moment délicieux avec le dernier Banville, La lumière des étoiles mortes… Bises

  2. Pas pour moi… J’ai commencé, feuilleté, c’est bien écrit. Mais je m’impliquerais trop et passerais mon temps à parler aux personnages. ^_^

    1. Merci Margotte! Comme je le dis plus haut à Nadine, j’ai lu le livre de Murielle Magellan avant mes vacances bretonnes… pour l’instant je suis plongée dans les romans de la rentrée littéraire… et je me régale!

  3. Un très beau billet, tu as bien su capter la palette d’émotions dont ce livre regorge ! C’est le moins que l’on puisse dire !!! Et moi qui n’aime pas les auto-fictions, les biographies parfois trop nombrilistes, j’ai apprécié la pudeur de l’auteure, son côté pugnace aussi, ne pas se laisser démonter, protéger son enfant malgré toutes les dérives de l’homme slave !
    Si Nadine veut le lire, je peux demander à Sharon de lui faire suivre après qu’elle l’aura lu ou même lui envoyer avant, je mets toujours Sharon en dernier car elle a beaucoup à lire ! Vous me dites ! 😀

    1. Merci beaucoup pour ce livre voyageur. Oui, c’est exactement ça ; on passe par toutes sortes d’émotions, des sentiments variés… et on ne peut pas avoir que de l’empathie pour le « personnage » de Murielle. Moi aussi, je ne suis pas fan d’autofictions et autres biographies, mais là, l’auteure a réussi à me ferrer…
      J’ai posté le livre pour Sharon jeudi…

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