Angel, l’indien blanc – François Place

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Dès les premières lignes du roman, Angel l’indien blanc lève le voile sur l’origine de son nom. Nous sommes au XVIII ème siècle. Avant qu’il vienne au monde, sa mère, une française, traverse les Pyrénées pour entrer au service d’une famille aisée espagnole qui migre rapidement en Amérique. Là, la jeune femme se fait enlever par une tribu indienne, et devient une esclave. Violée, elle donnera naissance à un garçon. Un jour, les soldats américains découvre la tribu et l’abat sur le champ. Le teint clair d’Angel le sauvera de la barbarie… mais sa vie ne sera pas plus douce. Vendu à un marchand de Buenos Aires, l’enfant est brutalisé et humilié. Un des jeux favoris du méchant homme est de jeter Angel dans l’eau pour montrer au gens de passage que les indiens ne savent pas nager…

Les années passent et voilà qu’Angel voit entrer dans la baie de Buenos Aires Le Neptune, majestueux vaisseau aux gigantesques voiles blanches, le jeune homme y voit son salut, sa liberté. Il monte clandestinement à bord et part ainsi pour le Grand Sud, en Terres Australes.

Découvert par le capitaine qui le gardera comme matelot, Angel entame un voyage époustouflant, qui le changera à jamais. Avec ses compagnons de voyage, matelots et érudits scientifiques, il lui faudra lutter contre le froid et combattre les tempêtes, naviguer dans des eaux troubles et dangereuses, chasser et sauver sa peau. Il sera fait prisonnier par les Woanoas, le peuple des hommes à deux bouches… La vie à leur côté ouvrira des portes insoupçonnées à Angel, le bien nommé.

François Place est un conteur merveilleux. Dans ce roman, nous embarquons littéralement avec Angel sur Le Neptune pour un voyage étonnant aux confins des Terres australes. Nous suivons ses aventures trépidantes et extraordinaires dans des paysages étonnants, au contact d’habitants presqu’irréels. Car la frontière entre la réalité et le fantastique est mince et l’imaginaire si grand.

 

« Un vaisseau est un garde-temps. Toutes les demi-heures, dans la timonerie, on retourne le sablier : l’ampoule pleine bascule au-dessus de l’ampoule vide qui passe au-dessous dans le même mouvement de rotation. Le sable tombe aussitôt, et recompte, grain à grain le temps qui s’écoule. Au bout d’une demi-heure le plein et le vide sont inversés, il faut recommencer, car ce temps-là ne doit jamais s’arrêter. Peu importe si le vaisseau s’envole sous les alizés ou s’éreinte à traverser les tempêtes, il emporte avec lui ce temps du sable impavide, un temps détaché de la course des étoiles et du soleil. »

 

« En Amérique vous étiez un esclave ; sur Le Neptune, simple matelot, un va-nu-pieds ; ici il y a deux mois, un étranger sur le point de mourir de froid ; il y a six jours, un meurtrier, frappé de tabou ; il y a trois jours, un condamné au sacrifice. Or, mon cher Angel, il faut bien vous rendre à cette évidence que, depuis votre retour du pays des gens-de-l’eau, tout a changé : vous n’êtes plus rien de tout cela. On peut dire que vous vous êtes débarrassé de ces dépouilles, de ces fripes qui nous cachaient votre vérité profonde. Les Woanoas vous appellent « L’Homme-oiseau ». Mais savez-vous comment nous appelons, chez moi, à Venise, les êtres de forme humaine descendant du ciel ? (…) Un ange ! Comme quoi le nom qu’on vous a donné ne vous va pas si mal. »

Angel l’indien blanc, roman jeunesse (dès 12 ans) de François Place, Editions Casterman, Avril 2014 —

10 commentaires sur “Angel, l’indien blanc – François Place

  1. Troublant et brutal, plein de vérité en même temps. Un voyage remarquable, hors du temps. On connaît bien les Indiens ici 😉

    1. Tu me fais penser à un roman que j’ai beaucoup aimé : Mille femmes blanches de Jim Fergus. Sinon, Angel est un très beau récit d’aventures. Et François Place, un conteur hors-pair.

    1. Le roman de Jim Fergus m’a laissé un très bon souvenir de lecture. Oui, les illustrations de François Place sont toujours très belles et l’écriture tout autant.

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