Les Dolce T.2 Les cinq secrets – Frédéric Petitjean

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A la fin du tome précédent (La route des magiciens), la famille Dolce se trouvait en bien mauvaise posture : sous terre, dans le labyrinthe des puits, elle avait eu l’effroyable surprise de découvrir le chef de la guilde noire en la personne de Guileone, le frère disparu de Melidiane. L’objectif de ce dernier est de supprimer les cinq derniers magiciens pour s’imposer enfin et régner en maître sur l’univers en asservissant les humains.

Mais Melkaridion, le grand-père, fusionne avec son élément, l’eau, et réussit à arracher parents et enfants de l’emprise de Guileone en les envoyant chacun dans un espace-temps différent : le père Rodolphérus se retrouve au Japon en l’an 1923, La mère Mélidiane émerge quant à elle à Londres dans les années soixante, Antonius, le fils sort de la Seine en plein Paris avec Virginie seize mois plus tard, quant à Léamedia la fille, elle débarque à New-York, seize mois se sont également écoulés.

Le patriarche ne les a évidemment pas dispersés au quatre coin du monde en ces temps-là par hasard. Chacun a un rôle à jouer. Rodolphérus fait le lien et envoie ses instructions à sa femme et à ses enfants. Une fois les grimoires contenant les secrets en leur possession, la famille pourra se réunir à nouveau.

L’isolement de chacun met en évidence tour à tour leur faiblesse, leur volonté, leur puissance et leurs aptitudes. Le père est soumis à la tentation face à la divine et mystérieuse Dianaka, la mère est tiraillée entre le bien et le mal, le fils découvre le sentiment amoureux et grâce à son grand-père des capacités insoupçonnés et la fille est chamboulée par sa récente transformation, physique et psychique, qui fait d’elle une magicienne à part entière.

Beaucoup de rythme dans ce roman avec l’alternance des récits de chaque membre de la famille, des péripéties, de l’aventure, des personnalités qui s’affinent et s’affirment, du suspense, des rebondissements, une écriture très cinématographique, une vision très réaliste de la société actuelle – politique, économique, écologique, scientifique – et ses dérives, des personnages secondaires intéressants et très bien construits, des moments drôles, de la tendresse et une bonne dose de frisson bien entendu. Un second tome palpitant. On attend donc impatiemment le dénouement de cette histoire…

« Après sa disparition, la fille de Melkaridion s’était interdit tout contact poussé avec les normaux. L’on ne s’habituait jamais à les voir disparaître. Les vies trop longues des magiciens cumulaient les peines, comme un oiseau aux ailes toujours plus lourdes, condamné un jour ou l’autre à ne plus jamais voler. »

« Leamedia aurait voulu qu’on la laisse tranquille, mais elle ignorait comment diriger sa pensée. Rien qu’à l’idée que tout son corps pouvait désormais l’entendre et s’exprimer la révoltait. Où se trouvait son intimité ? Où était passé son droit au secret ? D’autres habitaient à l’intérieur de son corps. Elle se sentait différente à chaque minute avec la certitude de laisser filer le contrôle de l’ensemble. Les nerfs s’agaçaient, les humeurs montaient, les endomorphines se mobilisaient pour parer à toutes réactions un peu plus virulentes. Les muscles se contractaient, les articulations gémissaient, la peau se distendait pendant que les cheveux restants frisaient d’énervement. Leamedia affrontait sa première grève interne! »

« – Ne te mets pas dans l’idée, ne serait-ce une seconde, que le hasard existe. Le hasard est le refuge des aveugles, les vrais, ceux qui croient voir avec les yeux ! Tout s’enchaîne, tout est logique et nécessaire, c’est un principe fondamental. C’est nous qui ne savons pas le percevoir. »

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