Celle que je suis – Anne Loyer

cellequejesuis.JPG

En Inde, de nos jours. Anoki, seize ans, a tout pour être heureuse! Une enfance et une adolescence radieuses dans un beau quartier de New Delhi, des parents aimants, deux grands frères brillants Mani et Kiran – le premier, récemment marié, est informaticien, l’autre fait ses études à Paris – une petite sœur pétillante et perspicace, une scolarité remarquable, et un amour qui se dessine. Épanouie, Anoki s’apprête à passer son examen de fin d’année et pense avec enthousiasme, à sa rentrée universitaire et à son futur métier de journaliste. Mais cette joie de vivre s’effondre lorsqu’elle prend conscience du poids lourd et glaçant des traditions culturelles indiennes. La révélation d’une réalité sur laquelle elle avait posé un voile lui explose au visage lorsqu’elle assiste à une scène familiale entre Chatura – la femme de Mani – et son père : le geste fou de ce dernier déchirant le diplôme d’infirmière de Chatura – brisant ainsi en morceaux la vie dont elle avait rêvée – révolte Anoki, qui comprend la fatalité de son propre destin. Cette scène pétrifie d’abord la jeune fille, puis la met en mouvement. Désormais, elle ne laissera personne décider de ses choix, dicter ses droits. Elle ne suivra pas le chemin tracé par ses parents, sera gardienne de ses pensées et maîtresse de ses actes. Aucune soumission. Aucun mariage arrangé. Malgré la douleur affective éprouvée, elle s’opposera fermement aux décisions de ses parents assujettis au fardeau patriarcal de leurs ancêtres. Avec détermination, intelligence, et grâce aux lettres encourageantes de Kiran, elle tracera sa route, surmontera les obstacles.
Un texte lumineux pertinent clairvoyant, une héroïne belle et émouvante courageuse et audacieuse combative et passionnée, une histoire de liberté d’espoir et d’amour.  Merci Anne Loyer, vos mots sur l’émancipation féminine sonnent si justes.

« Chatura n’est pas une infirmière. Ce qu’elle est, c’est la femme de mon fils. Ce qu’elle est, c’est ma belle-fille. Ce qu’elle doit être, c’est une bonne épouse. Où elle doit être, c’est à la maison. Le mariage est une institution sacrée. Et ce diplôme n’y changera rien. ce diplôme n’est rien.
Et d’un geste vif, il l’a déchiré, déchiqueté, émietté… jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. »

« (…) j’étais lancée, plus rien ne pourrait m’arrêter. J’en avais fini avec le mensonge, le déni, les faux-semblants. J’étais allée trop loin pour faire demi-tour. Mes parents devaient savoir que je ne rentrerais pas dans les cases à cocher des petites annonces. Je ne serais ni docile, ni gentille, ni bien élevée, ni rien de tout ce que réclamaient ces mères avides de chair malléable pour leur fils! Instruite, oui! Mais pour moi-même, pour mon avenir! Pas pour assurer de belles soirées culturelles à un époux amoureux des plantes vertes! Je ne serais jamais une potiche! « 

« Papa a ouvert la porte. Il semblait ramassé sur lui-même, voûté, vieilli, prêt, sans doute, à recevoir un choc. Devant lui, son fils, sa fille et cette fille. Celui qui comptait faire sa vie ailleurs ; celle qui voulait vivre sa vie ; celle qui vivait autrement. »

Celle que je suis, roman d’Anne Loyer, à partir de 12 ans, éditions Slalom, novembre 2019 —

Laisser un commentaire