Zouck – Pierre Bottero

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Passionnée de danse classique, Anouck – appelée »Zouck » – se rêve étoile évoluant dans le rôle de Giselle. La danse, elle la pratique depuis longtemps. Plusieurs heures par semaine, à tourner sur les pointes, à affiner ses mouvements, à déployer ses bras, à s’élancer… Lycéenne, en classe de terminale, Zouck est une jeune fille « normale » comme elle se qualifie elle-même ; elle est plutôt bonne élève, a des parents aimants et bienveillants, une petite sœur de dix ans qu’elle « aime bien sûr mais qu'(elle) ne supporte pas », une grande amie – la sublime Maiwenn -, elle raffole du nutella, réclame à cor et à cri un portable à ses parents – qui font la sourde oreille -… mais pas « banale« , assumant sa phobie des rainures au sol, et faisant aussi danser les mots sur le papier.

Mais des paroles assassines entendues entre deux portes vont faire valser la douce vie de Zouck. Les mots durs d’un chorégraphe – ancien danseur de l’Opéra venu voir son cours de danse – dits en confidence à Bérénice sa professeure de danse :  » (…) elle a un beau sourire, mais elle n’a que ça! (…) Elle est courte sur pattes, avec cinq bons kilos en trop qu’elle porte sur les fesses, ça l’empêche de bouger correctement. »

Anouck est anéantie par ce qu’elle vient d’entendre, et impossible d’en parler à Maiwenn qui, follement amoureuse d’un homme rencontré sur internet, s’est éloignée et ne se soucie plus du tout d’elle… Alors tel un oiseau à l’aile brisée, Zouck tombe, souffre et se mure. Elle se sent si lourde et si grosse que la balance devient son seul repère, son unique référence. La jeune fille entre dans les « chemins sombres ».

Un roman poignant sur l’anorexie. L’auteur Pierre Bottero décrit avec sensibilité et justesse la lente descente vers la maladie, sa réalité, ses effets dévastateurs et le pouvoir salvateur de l’amitié.

 » Le physique n’est pas primordial ; ce qui compte vraiment chez une personne repose sur ses qualités de cœur, son intelligence et son humour. Voilà une phrase que quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population française est capable de vous assener, les yeux dans les yeux, la main droite posée sur le grand livre sacré de la vérité absolue. Sans frémir devant cet incroyable mensonge! »

« J’avais bien conscience que mon corps réclamait plus de calories que ce que je lui en offrais et, de temps à autre, j’étais prise d’un étourdissement ou d’un coup de fatigue, mais c’était peu cher payé pour les progrès que me confirmait la balance chaque soir. Je commençais à flotter dans mes jeans, mes traits se dessinaient avec davantage de mordant et le regard des autres avait changé. « 

« Je suis seule. L’œil vert de la balance amie s’est clos lâchement lorsque je l’ai précipitée contre un mur. Mes mains refusent de m’obéir lorsque je leur ordonne de me nourrir. Ma bouche refuse de s’ouvrir quand mes mains acceptent de m’obéir. Mes dents ne mâchent pas, mon estomac se révulse. Mes yeux déposent sur la réalité un filtre au travers duquel toute nourriture est dégoût. Non, mes yeux percent le filtre et discernent la réalité. Toute nourriture est dégoût. Je suis seule. Les jours passent. Au milieu de la cacophonie des mots inutiles proférés par des passants translucides. Au milieu des regards. Qui blessent. Je me bats. Seule. »

Zouck, roman jeunesse de Pierre Bottero, dès 10 ans, Flammarion Jeunesse, réédition, Mai 2017 (première parution : 2004) —

6 commentaires sur “Zouck – Pierre Bottero

  1. L’anorexie, un sujet dont on ne parlera jamais assez… Et dans le milieu de la danse c’est un réel problème. Je sais à qui je pourrais offrir ce livre…
    Je t’embrasse ma Nadège

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