Bienvenue à Calais, les raisons de la colère – Marie-France Colombani et Damien Roudeau

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Ils viennent du Soudan, d’Afghanistan, d’Érythrée ou encore de Syrie, fuyant la violence, l’horreur, la fureur, la guerre de leur pays. Par la mer, pour la plupart, ils sont arrivés sur de fragiles embarcations où tant des leurs ont sombré. Entassés, épuisés, malades, affamés, certains parviennent à fouler la terre d’Europe. Leur étoile, leur eldorado : l’Angleterre. Alors ils marchent des jours et des jours jusqu’à Calais… passage obligé vers leur rêve. Plus que 30 km à parcourir… ils en ont déjà fait des milliers. Ces hommes, ces femmes, ces enfants qui viennent de si loin, se retrouvent ainsi tous au même endroit, endigués. Ils ont quitté leur pays insécure, ils ont tout laissé derrière eux, on les a dépouillés de leur argent, ils ont survécu au voyage de tous les dangers et les voilà à Calais dans un bidonville, massés dans un camp à l’hygiène déplorable, dans un dépotoir d’ordures, gisant dans la boue.
L’éditorialiste Marie-France Colombani et le dessinateur Damien Roudeau se sont rendus sur place, à Calais, en immersion. Et sur le vif, l’une a écrit, l’autre a croqué, des visages, des situations, le quotidien de ces réfugiés, des aides bénévoles, des associations. Ils rendent compte d’une réalité dure et violente. On sent leur colère, et la nôtre monte de page en page… une lecture nécessaire.

« Ne laissons pas s’inscrire aux frontières de la France la devise qui orne l’entrée de l’Enfer de Dante : « Toi qui entres ici abandonne toute espérance. »

« Certains parlent d’un « bidonville », d’autres d’un « camp », d’autres encore de « la lande », mais c’est bien d’une jungle qu’il s’agit. Un lieu de misère, de danger, d’abandon et de drames où survivent et s’entassent dans la promiscuité la plus totale plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. Un lieu de colère aussi. Celle d’un mouvement raciste local de plus en plus activiste. Celle des commerçants et des entreprises qui attribuent à la présence étrangère une baisse de leur chiffre d’affaires. Celle des bénévoles de la ville et des associations qui ne supportent plus de voir au milieu des ordures et des rats ceux auprès desquels ils s’engagent quotiediennement. Et enfin, la colère des migrants eux-mêmes qui, se retrouvent par une force armée à 30 km de l’Angleterre, cet eldorado fantasmé qui leur a donné le courage de tout endurer. »

« Sans les bénévoles, dont beaucoup sont calaisiens, le camp serait mortifère. C’est eux, seuls ou avec des associations, qui distribuent soins, nourriture, matériel de construction, vêtements… Mais aussi consolation et affection. Poignées de main et accolades, embrassades… Thé partagé dans les caravanes, sous les tentes, accroupis ou assis par terre. Vraie nuit passé dans un vrai lit sous un vrai toit. Douche chaude, lessive, repas en famille autour d’une table… des liens très forts se tissent. L’humanité existe encore, on l’a aussi rencontrée à Calais. »

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Bienvenue à Calais, les raisons de la colère,  recueil de textes de Marie-France Colombani et de croquis de Damien Roudeau écrits et esquissés sur le vif, les bénéfices et droits d’auteur de ce livre sont reversés à l’association L’auberge des migrants, Éditions Actes Sud, Février 2016 —

6 commentaires sur “Bienvenue à Calais, les raisons de la colère – Marie-France Colombani et Damien Roudeau

  1. Une lecture nécessaire comme tu le dis si bien. L’humain est une bête pour l’homme, où s’est enfuit la générosité dans l’accueil de l’autre? J’adorerais découvrir ce livre, en même temps je sais très bien que ça me mettrait en colère! Pourtant on connaît tous la violence de cette réalité. Mais l’accepter est autre chose… Merci de nous avoir présenté un livre aussi fort ma Nadège.
    Je t’embrasse

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