La folle rencontre de Flora et Max – Martin Page et Coline Pierré

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De l’autre côté du mur, il y a la liberté, le vent qui caresse le visage, la rumeur du monde, des battements d’ailes… le coeur de Flora, lui, bat derrière une fenêtre à barreaux. La jeune fille, encore mineure, a été incarcérée suite à un déchaînement de violence physique à l’encontre d’une lycéenne de sa classe, Émeline. Cet excès d’agressivité, Flora n’en revient toujours pas. Impulsions. Mouvements de l’âme. La fureur qui prend le pas sur la raison. Un moment d’égarement. La perte de contrôle. Mais ça débordait de partout, il fallait bien que ça jaillisse !  Cette Émeline et sa bande de copine se moquaient de Flora, l’humiliaient, l’insultaient à longueur de temps, alors un jour il a fallu que ça s’arrête, net.
Une lettre arrive un jour, pour elle. Son destinataire s’appelle Max. Facebook lui a appris l’emprisonnement de Flora. Fréquentant le même lycée, il avait déjà entendu parler de son « histoire ». Il a eu l’envie irrépressible de lui écrire. Le besoin, même. Max perçoit une ressemblance entre eux. Alors il tente de créer le lien. Il lui envoie la première lettre comme on jette une bouteille à la mer. Pour la sauver, elle, pour se délivrer, lui. Max est sujet à des crises d’angoisse. Il a déserté le lycée et se terre chez lui, dans sa chambre. Comme Flora, il est enfermé mais ses fenêtres n’ont pas de barreaux. Il est libre d’aller et venir et pourtant il est muré de l’intérieur.
Leur échange épistolaire va éclairer leur vie. À deux on est plus fort. Avec lenteur et délicatesse, ils vont s’ouvrir l’un à l’autre. Observer leurs failles, leurs doutes, leurs peurs, leurs joies aussi. Flora et Max vont avancer ensemble, évoluer, aller au-delà du mur qui les retient, les comprime. S’évader grâce aux sons d’un Ukule, à la lecture d’un poème, à la fabrication d’une marionnette, à l’élaboration d’un projet commun. En prenant ainsi soin de l’autre, l’estime de chacun s’élève.
Ce roman m’a beaucoup émue. L’empathie pour ces deux personnages a été immédiate, sûrement parce qu’ils me ressemblent un peu. Je les ai accompagnés sur un chemin sinueux mais lumineux. Je suis passée avec eux par toute une palette de sentiments, la colère, la tendresse, la bienveillance, la tristesse, l’espoir, la légèreté, la douceur, la fantaisie. Le parcours de deux êtres, de l’ombre à la lumière. Une belle rencontre.

« Je ne savais pas que les filles allaient en prison. Pour tout dire, je ne savais pas que les filles étaient violentes. D’une certaine manière, c’est une bonne chose, ainsi vous pouvez vous défendre, le monde est plus égalitaire. Bien sûr, l’idéal serait que la douceur soit la norme, mais j’ai peur qu’on n’en prenne pas le chemin. »

« Le monde est effrayant, il lui manque un plafond. »

« Hier, en rangeant ma cellule, je réfléchissais à nos situations respectives et j’en suis arrivée à cette conclusion : le vrai luxe, c’est de pouvoir rester chez soi parce qu’on le désire et non parce qu’on y est obligé. La meilleure raison de sortir, c’est donc de savoir qu’on va rentrer chez soi. »

« Quand je m’ennuie, j’essaie d’imaginer pourquoi les autres sont là. Je leur invente de nobles motifs d’incarcération. J’en fais des justiciers et des héros incompris, ça rend l’atmosphère plus douce. »

« On devrait avoir la chance de connaître nos grands-parents et nos parents quand ils étaient enfants et adolescents. C’est une grande injustice de ne les rencontrer que vieux. »

« Il paraît que la vue baisse quand on reste longtemps en prison, à force de ne pas pouvoir regarder au loin. Quand il ne fait pas beau, je sors et j’observe les nuages pour exercer mes yeux. »

« J’espère que le monde a un peu changé pendant mon absence. »

coeur

Livre reçu en Service de Presse.

La folle rencontre de Flora et Max, roman jeunesse de Martin Page et Coline Pierré, à partir de 12 ans, Collection Medium, L’école des loisirs, Novembre 2015 —

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