Blanche-Neige doit mourir

Blanche-Neige

Prenez un village isolé, la disparition de deux jeunes filles, un bouc émissaire, des villageois solidaires dans le secret entretenant une omerta pour protéger quelqu’un, par jalousie, par envie, par calcul… puis dix après, un des deux corps est retrouvé dans une cuve de carburant et, par un pur hasard, voilà que Tobias Sartorius, l’assassin (on apprend très vite qu’il s’agit d’une erreur judiciaire) sort de prison. Un accueil hostile de la part de ses voisins l’attend.

Les nouveaux éléments permettent la réouverture de l’enquête. Le policier Oliver Bodenstein et sa collègue Pia Kirchhoff entrent en scène et sont très vite confrontés au silence pesant des habitants (l’ancienne bande de copains de Tobias, l’aubergiste, le médecin, le ministre, l’entrepreneur, l’idiot de village… tous des personnages troubles et ombrageux) . Seule une jeune femme Amelie semble être du côté de Tobias : récemment arrivée de Berlin avec ses parents, elle habite dans l’ancienne maison de Stephanie (l’une des filles disparue) qu’on appelait Blanche-Neige pour sa frappante ressemblance avec le personnage de conte du même nom, et pure coincidence, Amelie lui ressemble également – il n’en faut pas davantage pour déstabiliser les villageois ! De plus, voilà qu’Amelie, très curieuse, se lance dans des investigations…

Un roman policier d’une facture plutôt classique et rigoureuse, avec son lot de rebondissements, de fausses pistes et du suspense. Des personnages nombreux, des zones d’ombre, des indices semés régulièrement pour tenir le lecteur en haleine, un polar efficace. Une impression de lecture mitigée cependant : une intrigue qui manque d’originalité et des inspecteurs un peu fades et convenus car même si l’auteure pénètre leur vie privée – afin de leur donner de l’humanité – , celle-ci est dénuée d’intérêt.

« Comme d’habitude, elle ne dit rien. Elle ne lui parlait pas, ne répondait jamais à ses questions mais cela ne le dérangeait pas. Il poussa de côté le paravent qui partageait discrètement la pièce en deux. Elle était allongée, silencieuse et belle sur le lit étroit, les mains croisées sur la poitrine, la longue chevelure s’élargissant comme un noir éventail autour de sa tête. A côté du lit étaient posées ses chaussures, sur la table de nuit un bouquet de lilas blanc se fanait dans un vase de verre.

-Hello, Blanche-Neige, dit-il à voix basse. »

« Ici tout le monde était parent avec tout le monde et chacun connaissait les histoires de famille des autres. On savait les secrets les mieux cachés, on cancanait avec délectation sur les fautes, les défaites et les maladies des voisins. Située dans une vallée étroite, Altenhain avait été épargné par la poussée immobilière. Il y avait peu de nouveaux habitants si bien que la population villageoise était restée plus ou moins la même depuis un siècle. »

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Blanche neige doit mourir, roman policier de Nele Neuhaus, Actes Sud, Octobre 2012 —

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