Des ombres dans la rue – Susan Hill

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Les habitants de Lafferton, petite ville anglaise, vivent dans la crainte. Une prostituée portée disparue est retrouvée assassinée par strangulation. Une autre jeune femme subit le même châtiment quelques jours plus tard. Qui est l’auteur de ces crimes et pourquoi ? Là est toute la question. L’illustre inspecteur de la cité, Simon Serrailler – qui coule de paisibles vacances sur une île écossaise pour se remettre d’une terrible affaire – est appelé à la rescousse.

Susan Hill passe en revue chaque personnage de l’histoire – et ils sont nombreux –, les inscrit dans leur environnement ne lésinant pas sur les détails : le doyen de l’église et les difficultés qu’il rencontre avec sa paroisse et sa femme dépressive, la soeur de l’inspecteur médecin de son état veuve depuis peu, un homme célibataire d’une quarantaine d’années vivant toujours chez sa mère dont le seul « hobby » est d’apporter des vivres aux prostituées de son quartier en pleine nuit comme Abi et Hayley, jeunes mères qui aimeraient tant quitter le trottoir, mais aussi un toxicomane, un chômeur, le père et la belle-mère de Serrailer, des policiers…et tant d’autres. Le lecteur est littéralement noyé dans le flot des descriptions de la vie quotidienne de tous ces gens au détriment de l’enquête. Seul le personnage d’Abi est attachant, c’est mince.

On s’ennuie donc très vite. Les investigations n’avancent guère. Serrailler manque d’épaisseur, d’autorité et de dynamisme. Pas de rebondissements, pas de fausses pistes, peu d’interrogatoires, des longueurs, alors évidemment le suspense n’est pas au rendez-vous. Le meurtrier est prévisible et le dénouement simpliste. L’évocation du monde de la prostitution aurait pu être intéressante mais l’auteure sombre rapidement dans les clichés, c’est dommage. Un roman policier décidément bien terne.

« Il n’était jamais allé au-delà de l’accueil d’un poste de police, et encore, deux fois peut-être au total dans sa vie. (…). La majorité des gens ne savait rien de ces salles, de ces conversations, de ces procédures et des odeurs, des bruits, au-delà de l’accueil. C’était comme entrer dans un pays étranger, plein de gens dont il connaissait l’existence, comme des acteurs qu’il avait vus à la télévision, vêtus en uniforme ou non, des gens qui circulaient dans les couloirs, chargés de dossiers, et qui franchissaient des portes battantes à la volée. Il s’était senti sale, et coupable, dès l’instant où il avait compris qu’on allait le questionner, l’ interroger, pas seulement lui adresser la parole, dès l’instant où il était entré dans la pièce nue avec cette table, ces chaises et ce sol en lino. Il avait vite compris combien il serait facile de tout admettre, de s’embrouiller, d’oublier des choses que l’on savait parfaitement, dans cet espace anonyme, impersonnel, horrible, entre quatre murs beiges. »

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Des ombres dans la rue, roman policier de Susan Hill, Robert Laffont, Avril 2012 —

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