La mort s’invite à Pemberley – P.D James

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Quel bonheur de retrouver ces chères Elizabeth et Jane, les soeurs Bennet, devenues respectivement Mesdames Darcy et Bingley. Pour celles et ceux qui ont lu et aimé Orgueil et Préjugés, c’est un ravissement d’être à nouveau plongé dans l’univers austenien et d’y croiser ses visages familiers.

P.D James, reine du polar, a su adapter sa plume à celle de Jane Austen en préservant l’atmosphère de l’époque tout en intégrant ses conflits politiques et sociaux. Elle parvient ainsi à faire évoluer l’histoire imaginée par Austen avec fidélité et crédibilité. Le décor est parfaitement planté entre Pemberley, demeure feutrée et rassurante, et sa forêt sombre et mystérieuse. Les protagonistes connus pour la plupart des lecteurs ont vieilli, une partie de leur vie leur échappe, ce qui favorise les zones d’ombre chères à P.D James.

Car si cet ouvrage est avant tout un hommage rendue à la créatrice d’Orgueil et Préjugés, l’auteure de ce roman-ci est une grande dame de l’intrigue policière. Un meurtre sera donc commis sur le domaine de Pemberley, mettant en scène un certain George Wickham, marié à Lydia, une autre soeur d’Elizabeth – personnage malfaisant que la famille Darcy ne fréquente plus depuis de nombreuses années…

Elizabeth et Fitzwilliam Darcy sont en pleine préparation du bal annuel de Lady Anne, des invités sont attendus, les domestiques sont sur le pied de guerre entrainant une grande agitation à Pemberley House. Quand soudain, un équipage surgit dans la nuit avec à son bord Lydia Wickham complètement affolée, criant de toutes ses forces : « Wickham est mort ! Denny l’a tué !(…) Ils sont là-bas, dans le bois ! Faites donc quelque chose! » Je ne dirai pas un mot de plus sur cette affaire, à vous de découvrir la trame de cette ténébreuse histoire – dont le dénouement est tout de même un peu rapide -.

Un roman qui ravira les lecteurs assidus d’Austen et de Phyllis Dorothy James. Toutefois, j’avoue que la délicieuse ironie d’Elizabeth – que j’avais tant aimée dans Orgueil et Préjugés – m’a manqué.

« Elle songea : Nous voici à l’aube d’un nouveau siècle, citoyens du pays le plus civilisé d’Europe, entourés des merveilles de son artisanat, de son art et des livres qui contiennent sa littérature alors que s’étend au-dehors un autre monde que la richesse, l’éducation et les privièges contribuent à maintenir loin de nous, un monde où les hommes sont aussi violents et aussi destructeurs que les représentants du monde animal. Peut-être les plus heureux d’entre nous eux-mêmes ne pourront-ils pas toujours l’ignorer et le tenir définitivement à distance. »

« Ne serait-il donc jamais débarrassé de George Wickham ? C’était la forêt dans laquelle ils venaient jouer tous deux quand ils étaient petits. Cette époque lui avait paru remplie de bonheur et d’insouciance, mais il se demandait à présent si cette amitié d’enfance avait jamais été sincère. Le jeune Wickham nourrissait-il déjà des sentiments d’envie, de ressentiment, d’aversion ? Ces jeux brutaux de garçons, ces bagarres pour rire qui le laissaient parfois couvert de bleus : Wickham ne l’avait-il pas rudoyer délibérément ? Certaines réflexions mesquines, blessantes, surgissaient à présent à sa conscience, après être restée enfouies au fond de sa mémoire des années durant. »

La mort s’invite à Pemberley, roman policier de P.D James, Fayard, Mai 2012 —

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