L’arrêt du cœur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine – Agnès Debacker et Anaïs Brunet

larretducoeur.JPG

Quand le cœur de Simone cesse de battre, celui de Simon dix ans, se presse. Cette accélération dans sa vie, il ne l’avait pas envisagée. Elle avait été sa nourrice, sa grande amie, sa confidente. Celle qui avait l’oreille pour l’écouter, le regard pour le rassurer, les bras pour l’enlacer, les mains pour cuisiner de drôles de gâteaux au gingembre, des idées de jeux plein la tête, de la fantaisie dans les yeux. Il l’aimait tant, cette vieille dame.
Une peine immense s’est emparée de lui. Elle plus là, c’est son enfance à lui qui s’en va. Il a beau se faire répéter l’histoire de la mort de Simone par Françoise la concierge, cet arrêt du cœur au petit matin, ce visage sans mouvement sur la table, entre sa tasse à café et sa tartine de confiture… Simon est sonné et ne s’en remet pas.
Il a bien compris qu’elle ne reviendrait pas. Mais que faire après ça? Tout ce silence, ce vide, ce manque, cette absence. Ce rien, si pesant. Le cœur de Simon s’assombrit.
Puis il se souvient de sa fameuse théière rouge dans la cuisine. Le refuge de petits papiers pliés, de souhaits improbables, de vœux inavouables. La planque des désirs, la cachette aux secrets. Ils avaient l’habitude tous les deux d’y glisser leurs rêves.
Sans le dire à personne, il entrera dans l’appartement de Simone. Les odeurs d’hier seront toujours dans l’air, les meubles n’auront pas bougé de place. Le temps semblera s’être arrêté, comme le cœur de son amie bien-aimée. La théière sous le bras, il s’échappera. Et dans sa chambre à lui, la renversera sur le sol et commencera sa lecture.
Coulera alors le flot des souvenirs, et avec lui des mots doux et chauds, ceux d’un amour grand et beau.
S’ensuivra une quête solaire où réel et imaginaire se mêleront. Des vagues de couleurs des effluves de parfums, des sensations des émotions, une mer une guerre, un pays lointain des lettres… Un passé qui revient avec ses bonheurs et ses peines. Une histoire d’amour et de mots, qui apaisera le cœur de Simon, en y laissant entrer à nouveau, la lumière.

« Finalement, certains objets de défunts ont raison de ne pas disparaître. Ils sont comme des morceaux d’eux. Cette théière, à l’allure altière, c’est un peu des bouts de Simone planqués sur ma moquette. Des morceaux d’elle échappés de la mort. »

« De nouveau, je vais devoir me confronter au canapé, au fauteuil et à la table basse. De nouveau, je vais voir la grande porte vitrée de la cuisine, peut-être même vais-je devoir y rentrer et, inexorablement, je vais revoir Simone morte avec une tartine de confiture à la main. De nouveau, mon corps chavirera. Mais il y a l’odeur. Y songer me donne du courage. Cette chère odeur de chez Simone. Je vais humer l’air à m’en étourdir et ainsi la graver à tout jamais dans ma mémoire. Les jours de tristesse, je l’appellerai à la rescousse et elle calmera ma peine. Non, la mort n’est pas la seule à rôder dans cet appartement. »

« Je pense à la vie, comme elle est surprenante, triste et belle à la fois. »

larretducoeur1

larretducoeur4

L’arrêt du cœur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine, roman écrit par Agnès Debacker et illustré par Anaïs Brunet, à partir de 9 ans, éditions MeMo, collection Polynie, février 2019 —

12 commentaires sur “L’arrêt du cœur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine – Agnès Debacker et Anaïs Brunet

Laisser un commentaire