Pourquoi les oiseaux meurent – Victor Pouchet

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Pouchet n’a pas trente ans ; sur le dos une thèse Stendhalienne pesante, dans le cœur une histoire d’amour achevée, dans ses yeux une ville lumière à l’éclat perdu. La lassitude l’étreint chaque jour davantage. Mais voilà qu’une nouvelle lui parvient, une information capitale, un phénomène étrange : il a plu des oiseaux morts dans un champ près de la commune de Bonsecours,  le lieu de son enfance. D’ailleurs, son père y vit encore.

Coup du sort, coup de tonnerre, coup de théâtre dans sa morne existence… il se sent pousser des ailes, bien décidé à en savoir plus sur cet événement singulier. Quitter Paris, se détourner de sa thèse, chercher à comprendre, traquer l’absurde, trouver du sens, compulser des articles scientifiques et historiques, les inventorier dans son carnet, réaliser une enquête à l’affût d’indices, re-trouver son père… Pouchet embarque à bord du bateau de croisière Seine Princess, laissant glisser le temps ses pensées ses interrogations le long du fleuve jusqu’en Haute-Normandie.

Les paysages défilent, une aventure amoureuse se dessine, d’un champ à une plage, d’une page d’un livre à un museum, d’une statue à un aïeul,  des oiseaux d’Hitchcock à l’histoires naturelle de Pline, de la Bible de Jérusalem au Pigeon Projet, du livre des damnés de Charles hoy Fort à la génération spontanée, Pouchet emprunte des chemins de traverses, revient sur ses pas bousculant son enfance, et repart vers de nouveaux horizons, la fin d’une chose et le début d’une autre, la chute d’oiseaux comme métaphore.

Un premier roman brillant, passionnant, spirituel et malin. Un auteur à suivre!

« Je lui avais dit : »Rien ne tombe sur rien par hasard. J’ai l’impression que les oiseaux se sont écrasés sur moi, sur mon village, sur mon enfance, ou peut-être sur tout autre chose. Sur nous. Sur notre obsession pour les chutes. Les journaux nous épuisent avec la crise, avec leur « sentiment collectif d’écroulement ». C’est devenu une deuxième peau, la crise. »

« Il fallait me guérir de la dispersion pour disperser la dépression (…) ou l’inverse peut-être, remélanger les lettres plongées dans le sac de scrabble existentiel. »

« (…) j’avais la vie sur le bout de la langue. Sur le bout de la langue les engagements, les choix, les aventures de l’esprit, la vie sociale et les conquêtes. J’avais l’impression de passer ma vie à ne pas articuler complètement ce qui m’arrivait et à sacrifier tout un tas de syllabes, de mots et de phrases-projets. »

« J’espérais faire de ma fuite une expédition et je commençais à prendre plaisir à ce tourniquet, voilà ce qui avait changé. La plupart du temps, j’ai cette impression persistante que le réel me résiste : les objets, ma volonté, les êtres humains, tous se liguent contre moi pour m’empêcher. Dans ces cas-là, seuls l’anecdotique, le faux pas, l’insensé minuscule me sauvent. Il suffit d’une faute de frappe du réel pour me sentir comme vengé : mon regard peut à nouveau se poser avec amour sur ce monde, non parce qu’il deviendrait tout d’un coup aimable, mais parce qu’il confirme qu’il est absurde. »

Pourquoi les oiseaux meurent, roman de Victor Pouchet, Éditions Finitude, Septembre 2017 —

10 commentaires sur “Pourquoi les oiseaux meurent – Victor Pouchet

  1. En lisant ton billet ma Nadège, je me dis que dans ce livre il y a quelque chose à la fois de poétique et spirituel. Avec une couverture que je trouve tout simplement magnifique et qui me rappelle le Costa Rica ❤
    J't'adore xx

    1. Ce premier roman est vraiment original, drôle, tendre et sensible. J’ai beaucoup aimé! Et tu as raison, la couverture est très belle. Je t’embrasse.

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