My first Sony – Benny Barbash / Abandon/

firstsonyYotam, un petit garçon de Tel Aviv, est tout heureux lorsque son père lui offre son First Sony, un magnétophone à cassettes bleu jaune et rouge. Du haut de ses dix ans, l’enfant a une grande imagination et dans sa tête débordent les questions en tout genre. Avec son nouvel appareil, il enregistre ses histoires et ses observations mais surtout les discussions – souvent houleuses – des gens qui l’entourent ; ses parents, grands-parents, oncles, tantes, frère, sœur, amis de la famille, voisins et autres maîtresses de son père… Ainsi, il tente de comprendre le monde, de figer des moments tour à tour drôles émouvants agaçants riches  étonnants, de garder l’empreinte des voix et des souffles… Il met les paroles en « boîte » et comme un trésor, il les range et les classe.

Défilent alors, filtrés par le regard de Yotam, les discours politiques, amoureux, sociétaux, économiques, intimes, religieux, existentiels des uns et des autres archivés consciencieusement. Même le passé fait incursion dans le présent à travers les récits du Grand-père.

Le texte est compact, sans chapitres. Les digressions s’enchaînent. Les phrases sont très longues. Les détails foisonnent, les personnages abondent, les va-et-vient entre les époques sont légion. De plus, ma méconnaissance de la société israélienne  (malgré un lexique en fin d’ouvrage) a eu raison de ma lecture. J’ai manqué d’air. Je me suis accrochée tant que j’ai pu mais j’ai fini par lâcher le fil de l’histoire.

S’il m’est tombé des mains, je sais que ce roman a eu beaucoup de succès à sa parution. Je garderai personnellement de cet auteur, un très bon souvenir de lecture de La vie en cinquante minutes.

 » Grand-père se tut, absorbé dans ses pensées, et nous comprîmes qu’il n’était pas vraiment là, avec nous, mais dans sa maison en Pologne, en train d’écouter ses parents se disputer, et je pensais à part moi, comme c’est bizarre, même les gens âgés comme Grand-père parlent de leur père et de leur mère comme s’ils étaient eux-mêmes encore des enfants, le père et la mère de Grand-père avaient certainement eux aussi un père et une mère, qui racontaient peut-être, eux aussi, des histoires au sujet de leurs propres parents, et ainsi de suite, et si tout le monde prenait la peine d’écrire sur une feuille de papier le nom de ses parents et de transmettre cette feuille à ses enfants, on pourrait peut-être arriver jusqu’au premier homme et se rendre compte que nous sommes tous une seule et même famille, (…) »

 » (…) et c’est peut-être là le problème principal entre les enfants et les adultes : ces derniers parlent de choses que nous ne sommes pas capables de voir, tandis que nous parlons de choses qui leur sont invisibles et une frontière imaginaire nous sépare les uns des autres et celui qui la franchit cesse à jamais d’appartenir à un monde pour rejoindre l’autre. »

My First Sony, roman de Benny Barbash, traduit de l’hébreu par Dominique Rotermund, Collection de poche Zulma, Octobre 2016, première parution en France en 2008 (écrit en 1994) — ABANDON

10 commentaires sur “My first Sony – Benny Barbash / Abandon/

  1. Difficile de s’expliquer parfois pourquoi certains livres nous tombent des mains et d’autres non.
    Je ne suis pas certaine non plus que je l’adorerais, mais je retiens « La vie en cinquante minutes »…
    Bisous ma Nadège

    1. Je finissais par ne plus rien comprendre à ce que je lisais… je n’étais plus du tout dans le plaisir de la lecture. C’est dommage parce qu’il y avait de jolies choses… Bises.

  2. j’ai adoré ce livre. En même temps, contrairement à vous, je connais plutôt pas mal la société israélienne (par mes lectures et par mes études) et j’ai retrouvé dans ce livre un fresque drôle et ironique de personnages et d’histoires que j’avais pu connaître auparavant par des lectures plus sérieuses. J’ai eu l’impression de partager avec cet ado les récits du passé des grands-parents. Je l’ai dévoré et je le conseille à tous ceux qui connaissent et aiment la société israélienne des années ’80.

Laisser un commentaire