Lysistrata – Aristophane

Sur la place d’Athènes, Lysistrata – littéralement : celle qui délie l’armée – a rassemblé toutes les femmes alentour. Usée et irritée par la guerre du Péloponnèse qui s’éternise, par l’absence des hommes – maris et fils – au foyer, par la condition de la femme dans la société grecque, elle semble avoir trouvé la solution à ces maux. Excellente oratrice, elle s’adresse à ses sœurs avec détermination et fierté, force et courage. Selon elle, l’ascendance sur les hommes est le seul remède à la guerre ; le désir sera leur arme : au nom de la paix, attiser la flamme, se refuser à eux – grève du sexe – les forçant à réagir et cesser le combat. Et pour asseoir cette décision, se mettre en marche en direction de la citadelle de l’Acropole : être les gardiennes du Trésor pour empêcher ainsi l’armée de s’approvisionner. Une pièce satirique impertinente et impudique à souhait. À savourer.

Lysistrata.

Je vais donc parler ; je ne dois plus faire un mystère de mon secret. Or donc, mes chères amies, si nous voulons contraindre les hommes à chérir la paix, il faut nous priver…

Myrrrhine.

De quoi? Parle.

Lysistrata.

Le ferez-vous?

Myrrhine.

Nous le ferons, quand même il s’agirait de la vie.

Lysistrata.

Il faut donc nous priver de tout ce qu’ils voudraient nous donner… Pourquoi me regardez-vous de travers? Où allez-vous? Pourquoi, vous dis-je, vous mordre les lèvres et secouer la tête? D’où vient ce changement de couleur? D’où viennent ces larmes? Le ferez-vous, ou ne le ferez-vous pas? Que dites-vous? »

LYSISTRATA.

De plus, si nous voulons nous divertir et jouir de notre jeunesse, il faut que nous couchions seules, à cause de la guerre. Passons sur ce qui nous regarde, mais ces jeunes filles qui vieillissent dans leur lit, j’en pleure, quand j’y songe.

LE COMMISSAIRE.

Eh quoi, les hommes ne vieillissent-ils pas aussi?

LYSISTRATA.

Oh, certes, ce que tu dis là est bien différent. Un homme qui a blanchi pendant une longue absence, épouse bien vite à son retour une jeune fille. Au lieu que la saison d’une femme est de courte durée ; si elle n’en profite, personne ne veut plus l’épouser, et elle n’est plus bonne qu’à dire la bonne aventure. »

Lysistrata, comédie grecque antique d’Aristophane, création de la pièce en 411 av J.-C. —

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