Les lois de la famille – Benjamin Law

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Benjamin Law n’a pas trente ans quand il écrit les premières pages de ce livre, une sorte de roman autobiographique dans lequel il n’hésite pas à se mettre en scène au milieu de sa propre famille. Il passe ainsi en revue son enfance et son adolescence par le truchement d’événements qui l’ont marqué et d’anecdotes savoureuses. C’est à travers le prisme familial qu’il tente de comprendre qui il est vraiment en tant qu’individu parmi ses quatres frères et soeurs, ses parents et sa grand-mère, tous vivant sous le même toit, et plus largement quelle est sa place dans cette société australienne en tant que fils d’immigrés – de Hong-Kong.

En vingt-trois chapitres, il égrène des moments tour à tour drôles, émouvants, dérangeants… dans un récit non chronologique. Souvenirs qui lui viennent à l’esprit d’une manière aléatoire, par images. Quelques titres de chapitres où l’on sent bien tout l’humour de l’auteur : « Trous », « Le cancer du sommeil », « Chaleur ! Vermine ! Pestilence », « Squelettes », « Nous avons la technologie », « Alors, t’es homo », « Le boulet de démolition »…

Benjamin se moque volontiers de lui-même avec une écriture vive et percutante. On lit avec plaisir l’histoire que nous raconte ce type très attachant. De plus, le portrait qu’il dresse de sa famille trouve forcément quelques échos avec celle du lecteur, c’est évident ; de l’amour, des coups de gueule, de la solidarité, des chagrins, des séparations et puis des instants particulier à l’auteur comme l’évocation des fêtes de Noël, la domination de son frère, ses chippies de soeurs, la famille au grand complet en visites « culturelles » dans les parcs d’attractions, son homosexualité, les camps de vacances, les complexes physiques qui hantent l’adolescence, le voyage à Hong-Kong pour ramener les cendres de sa grand-mère… autant de moments importants, parfois précieux dans sa jeune existence.

Cette lecture favorise inévitablement une réflexion sur nos propres relations familiales…

« Tacitement mais avec un orgueil farouche, envers et contre tout et en dépit de l’histoire familiale, nous continuons à nous aimer profondément. L’une des manières de le prouver consiste à s’acheter des cadeaux. Au fil des années, cet exercice, surtout à Noël, est devenu financièrement paralysant. (…) Le cycle continue, et, de janvier à février, nous vivons dans une pauvreté extrême, entourés de cadeaux lumineux, rassurés de l’amour qu’on nous porte. »

« Par « boites », maman voulait parler des diverses obsessions de formes rectangulaires qui apparemment me corrompaient depuis des années. Pour commencer, les magazines et les romans, ensuite les baladeurs, les jeux vidéo, les télévisions et les ordinateurs qui avaient infiltré ma vie, réduisant à une coquille vide l’enfant qu’elle avait élevé et entouré d’affection. »

« Cela m’attristait de m’éloigner et de la regarder nous faire des signes d’adieu avant que chacun ne rentre chez soi. Nous étions une famille de huit – cinq enfants, deux parents et une grand-mère –, mais elle avait éclaté, et chacun s’était retiré dans son appartement conçu pour une personne (…) Nous étions séparés par huit toits. »

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Les lois de la famille, roman autobiographique de Benjamin Law, Belfond, Mai 2012 —

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