Sacha l’été – Raffaella Bertagnolio et Jean-Christophe Mazurie

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L’été et les vacances sont là. Sacha débarque chez ses grands-parents, qu’elle connaît à peine,  en pleine campagne – ou plutôt, est débarquée chez eux, par ses parents -, et ce n’est pas le grand enthousiasme… L’accueil de sa grand-mère est glacial « On n’a pas idée un prénom pareil et cette allure… on sait même pas si c’est un garçon ou une fille! ». Sacha est sidérée, cette mamy acariâtre dont on ne voit que le dos n’apparaîtra plus dans l’album – mais on sait que la petite fille adorera ses succulents repas… Heureusement son papy, grand amoureux de la nature et débordant d’imagination est gentil et fantasque. Et avec lui – et son chien -, pas le temps de s’ennuyer! Chaque jour, une nouvelle balade!  Ils iront cueillir des champignons magiques – car nés du mariage entre la pluie et le soleil -, rencontreront le grand ami de papy, l’ours – un fan de nouvelles technologies -, discuteront avec un crapaud – qui, pour rien au monde ne veut redevenir prince -, passeront une journée à la pêche troublée par des lapins très pénibles, assisteront au coup de cœur du chien pour une belle brebis – elle qui vient de quitter le troupeau en quête de liberté, ne s’en laissera pas compter- … La fillette rentrera chez elle, le cœur lourd, empli  des beautés « magiques » de la nature et avec, dans ses valises, un compagnon tout mignon – qui rêve de vivre en ville!
Une chouette BD où la réalité et l’imagination se mêlent pour le plus grand plaisir du lecteur. Sacha est attachante à souhait et si bien croquée, les animaux font entendre leurs émotions, c’est drôle, tendre et haut en couleur! Et puis, un peu de soleil dans cet automne tout gris, qu’est-ce que ça fait du bien!

« – Nom d’un brocoli, papy, c’est quoi?!
– C’est l’Ours, mon copain l’Ours.
– Mais ça n’existe pas UN OURS QUI PARLE!!!
– Et pourquoi ça parlerait pas un ours? Ça parle bien un chien.
– Non d’un navet! Le chien maintenant! C’est un cauchemar!!
– Mais non, mais non, c’est la nature quand tu es prête à la regarder et à l’entendre. »

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Sacha l’été, album de Raffaella Bertagnolio et Jean-Christophe Mazurie, à partir de 7 ans, éditions Frimousse, juillet 2019 —

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ethel et ernest – Raymond Briggs

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Une vie en bulles et en dessins, l’histoire vraie d’un amour de quarante ans, la traversée d’un demi siècle, l’hommage émouvant d’un homme à ses parents, Ethel et Ernest.
1928, l’amour naissant donne des ailes, le mariage s’ensuit naturellement. Puis c’est l’installation dans la grande maison vide de briques rouges. C’est la joie, la clarté, la chaleur, la douceur, le grand bonheur. La vie s’emballe, le travail, le quotidien, le manque d’argent, la débrouille. Enfin l’enfant tant désiré arrive. L’amour s’étend, immense. La modernité avance, l’argent continue à manquer… mais l’enfant qui grandit fait oublier les mauvais moments, éclaire tout. Et voilà que la guerre gronde au loin, se rapproche inévitablement, prive l’horizon de lumière. On éloigne l’enfant. La campagne anglaise le protégera tant qu’il le faudra, même si c’est dur de le voir partir. La paix reviendra sur la pointe des pieds, l’enfant décrochera une bourse, voudra devenir artiste… Ethel et Ernest vieilliront et toujours poursuivront leurs chamailleries, leurs éclats de rire, leur tendre regard l’un envers l’autre… Aucune épreuve n’aura atteint leur amour.
Ethel et Ernest, l’existence rayonnante d’un couple ordinaire pour le lecteur qui peut s’identifier à l’envie, la vie heureuse de parents extraordinaires contée divinement par un fils aimant et aimé.

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ethel et ernest, bande-dessinée de Raymond Briggs, traduit de l’anglais par Alice Marchand,  à partir de 8 ans, Grasset Jeunesse, nouvelle édition, octobre 2019 —

La vie hantée d’Anya – Vera Brosgol

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Un matin comme les autres, Anya prend le chemin du lycée, le ventre vide et le visage fermé. Le miroir lui renvoie une image qu’elle a du mal à supporter. Elle se trouve trop grosse… C’est sûrement pour cette raison, pense-t-elle, que le beau Sean ne la regarde pas. Et aussi à cause de son accent russe… De toute façon, elle n’arrive pas trouver sa place ici. En colère, amère, elle se fâche avec une camarade de classe en attendant le bus. À cran, Anya décide d’aller au lycée à pied. Mais en traversant un parc, elle tombe dans un puits. Habité par un fantôme. Le fantôme d’Emily, une jeune fille de son âge.
Emily, spectre centenaire, va ce jour-là entrer dans la vie d’Anya et la bouleverser. Malgré elle, Emily permettra à Anya de s’affirmer. Elle lui donnera de l’allant du courage de l’audace de la fantaisie. Mais la métamorphose de l’une va entraîner d’inquiétants changements chez l’autre. Anya enquête alors sur la mort tragique d’Emily en 1918, cette dernière lui a-t-elle tout dit?
Vera Brosgol évoque avec justesse l’adolescence et ses tourments en mêlant habilement le quotidien et le fantastique. La rondeur des dessins, les gros plans sur les visages – expressifs à souhait – le camaïeu de gris, enveloppent l’histoire de mystère et de frayeur et entretiennent l’empathie.anya3

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La vie hantée d’Anya, BD jeunesse de Vera Brosgol, traduit de l’anglais (USA) par Alice Delarbre, à partir de 11 ans, Rue de Sèvres, août 2019 —

Un été d’enfer ! – Vera Brosgol

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Vera, bientôt dix ans, est une petite fille pleine d’entrain. Elle vit avec son frère Phillip et sa maman, qui les élève seule. Ses parents sont divorcés, elle n’a plus de contact avec son père. Sa mère a repris ses études. Les fins de mois sont difficiles. D’origine russe, ils sont arrivés aux États-Unis il y a peu, et Vera fait tout son possible pour s’intégrer. Elles participent aux anniversaires et autres soirées pyjama de ses camarades de classe mais à chaque fois sa différence l’isole. Son milieu social, sa culture et les subtilités de la langue creusent naturellement un fossé entre Vera et les autres enfants de son âge. Mais elle est courageuse et déterminée, alors jamais elle ne baisse les bras. Toujours en quête d’une solution. Elle entend parler d’un camp d’été organisé par la communauté russe, en pleine forêt. Elle convainc sa mère d’y aller.

Elle arrive au camp pleine d’enthousiasme tout à sa joie de dormir dans une tente, de faire des veillées au feu de bois, de découvrir des activités sportives et créatives… Véra est persuadée qu’elle n’aura aucun mal à se faire des ami(e)s puisque tous sont russes, comme elle. Malheureusement, très vite elle déchante : vie en collectivité, rivalité, médisance… Malgré ses efforts, Vera se sent bien seule. Alors elle se met à dessiner…

J’ai adoré cette BD. D’inspiration autobiographique, elle dégage en effet une grande authenticité dans les situations et les émotions traversées par Vera, un personnage très attachant. Les craintes, les doutes, la solitude, le déracinement, les silences, les colères, la tristesse sont parfaitement décrits. La rondeur des dessins, les expressions du visage, le camaïeu de vert, quelques planches sans paroles, mettent en évidence la palette de sentiments ressentis par Vera. On assiste à une immersion dans la forêt, une plongée dans la pré-adolescence et des questions qui émergent. Et la force de ce livre vient de l’humour qui le parsème avec pertinence et sensibilité.

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Un été d’enfer ! BD de Vera Brosgol, à partir de 9 ans, Rue de Sèvres, mars 2019 —

Liloo fille des cavernes T.2 La montagne des âmes – Stéphane Tamaillon et Pierre Uong

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La tribu des caverneux vit un moment difficile. Depuis quelque temps, les chasseurs reviennent bredouille. Les réserves s’épuisent, la disette n’est pas loin. L’absence de gibier inquiète et surprend. Biface, le chef du clan réunit tout le monde. L’assemblée grogne, il faut trouver une solution au plus vite. Gourou, le chamane prend la parole: les esprits sont restés muets à son appel, la déesse-mère doit être en colère. Il n’y a qu’une chose à faire : lui donner en offrande un membre du clan. Qu’il se sacrifie en se jettant dans le cratère de la Montagne des âmes. Dès le lendemain, un tirage au sort désigne Liloo !

Liloo s’arme de courage et se prépare à en découdre, accompagnée de Canine, son lion fidèle, du chamane et de son fils Silex. Les voilà partis pour une expédition périlleuse dont ils espèrent revenir sains et saufs. Il leur faudra affronter le Pouakai, l’aigle protecteur du volcan puis la terrible sorcière au masque de renne… Un affreux et mystérieux masque sous lequel se dissimule une figure du passé…

Quel plaisir de retrouver Lilou et sa témérité, la préhistoire et ses histoires ! Ma fille et moi aimons la vivacité des répliques, les couleurs qui « explosent », les personnages bien croqués, les clins d’oeil au monde contemporain… alors forcément on attend le tome 3!

« – Si les dieux restent sans réponse, il faut sacrifier un des membres du clan. – En le jetant dans un volcan? – C’est la règle! Demain nous procéderons à un tirage au sort pour décider qui aura l’honneur et le privilège de donner sa vie. »

Liloo fille des caverne T.2 La montagne des âmes, Bd de Stéphane Tamaillon et Pierre Uong, dès 7 ans, éditions Frimousse, octobre 2018 —

Liloo fille des cavernes T.1 La grande chasse – Stéphane Tamaillon et Pierre Uong

L’image contient peut-être : une personne ou plus

En pleine période glaciaire, 40 000 ans avant notre ère, vivaient, entre autres, deux clans : les Caverneux et Ceux-de-la-plaine, constamment en « guerre ». Comme souvent dans les peuplades préhistoriques, les hommes chassent, les femmes cueillent et s’occupent du foyer… Et justement en ce moment, les hommes se préparent pour La grande Chasse annuelle. Liloo, la fille de Biface le chef du clan des Caverneux compte bien bousculer les habitudes : pas question pour elle de rester dans la caverne, elle veut chasser comme les hommes. Quant à son ami Silex, c’est un garçon mais il déteste la chasse, lui c’est un artiste moderne, l’inventeur du SMS – Signes de la Main de Silex -, il peint sur les parois des grottes – un témoignage « à travers les âges » -. Son père, le sorcier du clan, l’oblige à participer à la traque.

Ainsi, malgré l’interdiction de son père, Liloo part, plus déterminée que jamais, sur les traces des mammouths après le départ des hommes pour la grande Chasse. Courageuse, elle brave le froid et la tempête, trouve un abri pour la nuit, fait un feu, se bat même avec un lion. Là, elle se découvre un don : elle comprend le langage des animaux… Le lion deviendra son ami. Ensemble ils affronteront les loups et Ceux-de-la plaine… et apporteront la paix.

Liloo est une héroïne attachante téméraire pleine de ressource, guidée et protégée par le lien fort qu’elle entretient avec la nature. Une chouette BD – dévorée en quelques minutes par ma fille -. Il y a un rythme fou, des couleurs fortes, de la drôlerie, de belles réparties et les stéréotypes genrés sont balayés. Un deuxième tome est en préparation…

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Liloo fille des cavernes T.1 La grande chasse, BD de Stéphane Tamaillon et Pierre Uong, dès 7 ans, éditions Frimousse, Avril 2018 —

Calpurnia T.1 – Daphné Collignon, d’après le roman de Jacqueline Kelly

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Son nom est Calpurnia Virginia Tate. Elle vit au Texas dans une grande maison , avec ses parents – son père dirige une fabrique de coton -, son grand-père, ses six frères, la cuisinière,  la bonne et son mari. Nous sommes en 1899, c’est l’été.

Seule fille de la fratrie, sa mère veille à ce qu’elle respecte les traditions et la bienséance liés à sa condition et à son sexe. À l’école, Calpurnia suit des cours de maintien, de couture, de savoir-vivre, à la maison elle travaille le piano. Mais ces apprentissages et autres activités désintéressent et lassent la jeune fille, qui leur préfère, et de loin, la nature et ses manifestations.

Calpurnia est fascinée par la campagne environnante ; sa rivière fraîche et limpide, ses arbres par centaines, le bruissement du vent dans les feuilles, sa faune, sa flore. Curieuse, elle aime observer constater démontrer. Studieuse, elle note et dessine le fruit de ses recherches et de ses raisonnements dans un carnet qu’Harry, son grand-frère lui a donné. Un cadeau merveilleux pour Calpurnia qui rêve de devenir naturaliste.

Ses observations scientifiques arriveront aux oreilles de son grand-père, un savant froid et taiseux, qui passe ses journées dans une cabane isolée, son « laboratoire » . Leur passion commune les rapprocheront. Une relation privilégiée naîtra et mènera Calpurnia sur la voie palpitante de la science et sur le chemin, non moins captivant, de l’émancipation.

En même temps, on suit avec empathie « les choses de la vie » d’une jeune adolescente faites de colères, de jalousies, d’incompréhensions, de tristesse, d’allégresse, de craintes, de doutes…

Une histoire passionnante qui aborde avec intelligence l’adolescence, l’affirmation de la personnalité, la condition féminine, à travers une fascination pour la science et la nature. Une adaptation réussie aux illustrations élégantes lumineuses et ludiques. Ma fille et moi attendons avec impatience le second tome.

« Alors. Que peux-tu me dire de la méthode scientifique, Calpurnia? Hum, pas grand chose. Mais tu vas à l’école, non? Évidemment! Nous apprenons l’orthographe, la calligraphie, suivons des cours de savoir-vivre… J’ai eu « acceptable » pour le maintien , mais « insuffisant » pour l’usage du mouchoir et du dé à coudre. Mère n’était pas contente du tout. Seigneur. C’est encore pire que ce que je pensais. Pas de sciences? Pas de physique?!! J’imagine qu’on vous enseigne aussi que la Terre est plate et qu’il y a des dragons qui dévorent les bateaux tombant par-dessus bord!! Calpurnia, ça ne va pas du tout.

Alors Bon-Papa me raconta des choses stupéfiantes. »

 

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Calpurnia T.1, BD jeunesse de Daphné Collignon d’après le roman de Jacqueline Kelly, à partir de 11 ans, Rue de Sèvres, avril 2018 —

Ultra Violette se rebiffe – Anne Loyer et Anaïs Nocera

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Violette, pétillante fillette survoltée finaude et courageuse revient dans une nouvelle aventure  pour notre plus grand plaisir. Alors qu’elle lit tranquillement à bord de sa maison-péniche, elle reçoit un drôle de colis accompagné d’un message on ne peut plus explicite « Violette mega nulle de la classe… ». Elle est persuadée que Gaël, son meilleur ami, est l’expéditeur car elle se souvient l’avoir entendu rire avec d’autres camarades lors de sa chute durant le cours de danse… Ni une ni deux, Violette, en colère, devient Ultra Violette : plus déterminée que jamais à régler son compte à l’auteur de ces mots méchants et injustes… Pourtant, Gaël, cloué au lit par une vilaine indigestion, est innocent. Alors qui est le coupable? La fillette part à sa recherche, bien décidée à en découdre. Grâce à son esprit de déduction, une piste se profile… Mais voilà qu’en pleine enquête, Violette apprend que son père et elle doivent déménager au plus vite ; la municipalité a décidé de privilégier le tourisme et les somme de quitter rapidement le canal.

Une amitié vacillante, des moqueries, une menace d’expulsion, Ultra Violette se rebiffe, et elle a bien raison!

Des personnages attachants et audacieux, du rythme, du suspense, des illustrations dynamiques et ludiques tout en rondeurs.

Les mots de la fin de… Noémie (l’avis de ma fille, 9 ans – j’ai seulement corrigé l’orthographe)

« J’aime beaucoup les personnages surtout Gaël son surnom est GALETTE ça c’est trop rigolo aussi la tête des bonshommes, sur la couverture c’est hyper cool parce que Violette fait une position un peu de Ninja!!!!!!!WOATAWWW!!!!!!Mais dans tout le livre j’adore l’histoire et les illustrations. Elle reçoit un colis avec une lettre dedans :VIOLETTE MEGA NULLE DE LA CLASSE SOUVERAINE A LA CASSE! Elle est très énervée, violette pense que c’est son meilleur copain et elle va faire une enquête.

Vous voulez savoir la suite alors lisez le !!!!!! »

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Ultra Violette se rebiffe, BD écrit par Anne Loyer et illustrée par Anaïs Nocera, à partir de 6 ans, Collection BD Mousse, Éditions Frimousse, Mars 2018 —

La bobine d’Alfred – Malika Ferdjoukh et Nicolas Pitz

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1964… sur les hauteurs de Montmartre, dans un restaurant bondé, Gustave, cuistot et cinéphile, est aux petits soins pour Lina Lamont, ancienne star du cinéma muet. Mais le directeur du restaurant râle ; son assiette de volaille et pommes de terre est trop garnie. Enragé, il gifle en plein service Harry, le fils de Gustave. Ce dernier rend son tablier illico. Avec bonheur, l’actrice américaine, qui a adoré la caille rôtie, propose à Gustave de devenir son cuisinier personnel… à Berverly Hills.

Père et fils s’envolent donc pour Hollywood. Studios de cinéma, demeures fastueuses, belles voitures, soleil éclatant, mer plage et starlettes en bikini vichy, Harry est sur son petit nuage dans la cité des anges.

Grâce à Lina, Gustave va avoir le privilège de cuisiner pour l’équipe de tournage d’un  film, avec au commande le célébrissime Alfred Hitchcock. Dans le plus grand secret, le réalisateur tourne Mary Rose – pièce de J.M Barrie (l’auteur de Peter Pan). Harry, futé, réussit à pénétrer sur le plateau et se retrouve par le plus grand des hasards avec la bobine du film – non achevé – entre les mains. Curieux et aussi passionné de cinéma que son père, il subtilise la bobine pour la visionner dans la salle de cinéma privé de Lina – avec l’idée de la rapporter le lendemain -. Seulement, rien ne se passe comme prévu. La bobine est dérobée. S’ensuit une course folle et périlleuse pour récupérer la fameuse bobine d’Alfred…

Adaptée d’un roman de Malika Ferdjoukh, cette BD est une réussite. J’ai adoré la fougue d’Harry, les dessins de Nicolas Pitz à l’ambiance chatoyante hollywoodienne nappée de suspense hitchcockien, les personnages secondaires si bien croqués et les clins d’œil de scènes emblématiques du grand Alfred. Une BD à dévorer!

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La bobine d’Alfred, BD de Malika Ferdjoukh et Nicolas Pitz, dès 11 ans, Rue de Sèvres, Mars 2018 —

Pierre et le Loup – adaptation du conte de Serge Prokoviev par Miguelanxo Prado

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Quel délicieux souvenir d’enfance que ce conte musical de Prokoviev, quel plaisir de se replonger dans l’histoire de Pierre et le Loup ! Mais cette fois-ci, les personnages ne sont pas représentés par des instruments ; l’oiseau par « la flûte légère et gazouillante », la cane – à l’origine, un canard – par « le hautbois mélancolique », le chat par « la douce clarinette », le grand-père par « le basson grondeur », les chasseurs par « les timbales et la grosse caisse », Pierre par « les instruments à cordes » et le loup par les  » trois cors sévères et sombres », pourtant, les phrases musicales et la voix élégante de Gérard Philippe résonnent au fond de ma mémoire, à mesure que les pages se tournent.

Là, sous mes yeux ; la forêt ombreuse et mystérieuse se dresse face au joyeux et curieux Pierre vêtu d’un pull rouge écarlate les mains dans les poches, si petit devant elle. Malgré l’interdiction de son grand-père de ne pas pénétrer sous les feuillages, Pierre est trop intrigué pour lui obéir. Un grand garçon comme lui n’a pas peur du loup se dit-il… À  l’orée du bois il rencontre un oiseau sifflant sur une branche puis après quelques pas il découvre une cane se baignant dans une mare, et plus loin un chat qui aurait bien voulu faire du moineau son repas… Tout ce petit monde bavarde et se chamaille jusqu’à ce que le loup fasse irruption…

Par ses dessins, Miguelanxo Prado nous transporte aisément dans l’atmosphère du conte de Prokoviev ; l’obscurité de la forêt, la lumière iridescente autour des personnages, les changements d’angles de vues, les flous et les gros plans, le mouvement et la langueur, les émotions de Pierre un mélange de peur de fascination et de courage, le suspense, la dramatisation, les savoureux dialogues, l’odeur du danger, l’interdit qui attire, les effluves et les rumeurs du sous-bois, la légèreté de l’oiseau, l’ingénuité de la cane, l’agilité du chat, la férocité du loup, les bougonnerie du grand-père, l’habileté de Pierre, la violence, les détonations des fusils, la peine fugace et la  pleine fatuité.

Une adaptation très réussie.

« C’était un loup magnifique et la forêt était son domaine. Si seulement il avait suivi le conseil de son grand-père, au lieu de… Mais l’âme des gens est inconstante. Et leur vanité aussi insatiable que l’appétit du loup. Celle de Pierre ne faisait pas exception. De sorte qu’à la place de la peine qu’il avait éprouvée pour le loup. Il ne ressentait plus à présent que l’admiration que lui vouait le hameau tout entier pour son exploit. Ainsi vont les choses. »

Pierre et le Loup, adaptation BD du conte original de Serge Prokoviev par Miguelanxo Prado, traduction de Franck Reichert, à partir de 8 ans, Éditions Casterman, avril 2017 —