Venise, la Sérénissime. Un hiver de marbre. Une femme esseulée. Laissée par son compagnon, à quarante ans. Une rupture comme une déchirure. Une déflagration qui la sidère, et la désespère. Seule la fuite peut la sortir de cette torpeur, pense-t-elle. La voilà alors foulant la Cité des Doges. Ses rues figées de givre vidées de touristes, ses îles gorgées de mystères, les silhouettes élégantes et sauvages des félidés, l’extraordinaire acqua alta, la douceur des ses chocolats chauds… Mélancolie et nostalgie se dégagent de ce lieu, à l’image des personnages le traversant. La femme, dont on ne saura jamais le nom, descend dans un vieux palais devenu pension de famille. Elle y fait la connaissance de Luigi le propriétaire – dans l’attente incertaine de sa fille – d’un vieil aristocrate russe en fauteuil roulant – que le passé amoureux obsède -, d’un jeune couple passionné – en équilibre instable. Jour après jour, elle lève le voile sur les histoires de chacun où l’amour revêt des formes différentes. Des discussions, des solitudes, des blessures qui rapprochent, éclairent. Et lors de promenades, rencontrer un libraire. Être troublée par lui, ses yeux, sa voix… Arpenter avec lui une Venise méconnue. Plonger dans le récit d’un peintre vénitien déporté à Dachau : Zoran Music. Être infiniment touchée par l’amour disparu du vieux russe ; s’investir pour le retrouver, coûte que coûte. Et voir poindre l’élan. Roman de l’intime, sensible et poétique, aux phrases brèves, tour à tour douces et percutantes. Des failles à combler, des rancœurs à vider, la vitalité à recouvrer.
« Trévor, il m’a plaquée. Je veux l’oublier. Je ne peux pas. Il me colle. Pire qu’un gant. Surtout la nuit. Trévor, je l’ai aimé à m’en pourrir le ventre. Plus d’un an. Un an et vingt-sept jours exactement. Et le soir du vingt-septième jour, j’ai cru avaler la mort. Ça m’a fait ça. Cette impression-là exactement. De l’avoir dans la bouche et de la déglutir. Je n’aimerai plus jamais comme ça. Avec cette certitude absolue. Quand il m’a quittée, j’ai cru mourir. »
« Vous me regardez. Ça dure… je ne sais pas. Je voudrais que ça ne s’arrête jamais un regard comme ça. Que ça nous prenne, que ça nous garde et que ça nous enterre tous les deux. »
« Il est des êtres dont c’est le destin de se croiser. Où qu’ils aillent. Un jour ils se rencontrent. On est de ceux-là. »
« Vous me racontez. Tout ce que vous savez. Vous savez beaucoup. Je vous écoute. Toujours, des hommes et des femmes se sont rencontrés à Venise. Toujours, des hommes et des femmes se sont aimés. Ont bravé le vent. Je vous regarde. Je ne vous connais pas. Je vous rencontre. – Vous rougissez. Je détourne la tête. Vous souriez. C’est à cause de ça. Votre sourire. Et votre voix. J’ai aimé votre voix comme on aime un corps. »
— Seule Venise, roman de Claudie Gallay, J’ai lu, première parution en 2004 —
Une lecture qui s’accorde aux brouillards matinaux de ces jours… Lu il y a longtemps et beaucoup aimé !
J’ai lu de nombreux livres de Claudie Gallay mais pas celui là.
Merci, bonne soirée 🙏🏻
Un roman que j’adore !
Je n’ai pas encore eu la chance de lire ce roman de Claudie Gallay. C’est une auteure que j’apprécie. Ton retour est très beau. Beau week-end Nadège, Bises bretonnes 😊🎄