Les plumes d’Asphodèle (3)

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De ma fenêtre

De ma fenêtre, je vois s’échapper les fumées des cheminées, dans le ciel azur de ce drôle d’hiver. Elles tournoient un peu et disparaissent. Il fait si clair, dehors. Il fait si sombre, dedans. Les nuages s’y sont cachés, je crois. J’aimerais qu’ils en sortent, mais mon coeur est plein de pluie. C’est ainsi. La vie est dure, parfois… Les frimas ce matin n’ont pas traîné, vite éclipsés par les rayons ensoleillés. On dirait qu’ils commencent à m’atteindre, et réchauffent mon corps tout engourdi par le manque de lumière. Les sifflements des oiseaux, posés ici et là sur les branches nues des arbres, annoncent avec courtoisie un improbable printemps. Déjà… Enfin… L’élasticité du temps… Je me ferais bien la malle, là maintenant. Aller au bord de la mer, lézarder sur une plage de sable fin et chaud. Prendre la plume, jouer quelques accords de guitare, dévorer un livre, me gorger de soleil, fredonner un air connu, m’imprégner du bruit des vagues, observer la danse des cerf-volants, sourire, me sentir apaisée… Mais mes valises sont trop lourdes pour l’instant. Il me faut les vider, avant. Accorder moins d’importance à toutes ces choses qui m’encombrent l’esprit… De ma fenêtre, je vois un enfant s’amuser avec un bilboquet, le jeu est difficile mais il est tenace. Persévérant, il lance et relance la boule dans les airs. Ne jamais désespérer, me dis-je en le regardant. Je pense alors à cet adage : qui veut la fin veut les moyens. Déjà, ouvrir la fenêtre. Enfin, respirer.

lesplumesd'asphodèle

Les mots à insérer dans le texte : lézarder, dur, livre, s’imprégner, corps, élasticité, ensoleillé, apaiser, plume, guitare, bilboquet, manque, moins, malle.

Les textes des autres participants sont chez Emilie.

19 commentaires sur “Les plumes d’Asphodèle (3)

  1. Ton texte est doux et triste comme un beau soleil d’hiver!
    Bravo!
    M’est d’avis qu’il va avoir mal aux doigts cet enfant qui bilboquète 😀
    J’aime particulièrement « Mon coeur est plein de pluie » Très belle image!
    Bises

  2. Ouvrir la fenêtre et s’imprégner de la beauté des choses qui nous entourent, c’est une bonne solution pour « vider les valises »… Très beau texte !

  3. Le matin, on a parfois le coeur plein de pluie…c’est très joli comme expression.
    Il suffit alors de s’ouvrir à la beauté du monde et de secouer les idées noires comme la poussière d’un vieux tapis.
     •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

    1. Et moi j’aime ton image « secouer les idées noires comme la poussière d’un vieux tapis ». Il est nécessaire de se vider la tête parfois et d’y faire entrer la beauté du monde.

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