Strada Zambila, une rue de Bucarest, abrite deux sœurs, Ilinca et Zoé, douze et huit ans. Privées pour un temps de leurs parents, partis en Normandie, à Yvetot, pour améliorer leur condition de vie en Roumanie (« des cueilleurs de fraises », ainsi sont appelés les roumains qui vont travailler dans d’autres pays), elles ne sont évidemment pas seules ; Bunica et Bunicu – grand-mère et grand-père en roumain – sont venus les rejoindre rue Zambila, avec leurs huit chats ! Si l’absence parentale ne semble pas bouleverser la vie de Zoé, petite fille virevoltante, gaie et facétieuse, Illinca elle, est très affectée par cet éloignement. Rien ne peut remplacer le vide laissé par sa mère et son père, malgré la bienveillance de ses aïeux, les pitreries de sa sœur et les turbulences des nombreux félins. Son humeur balance entre la tristesse et la colère. Régulièrement, les filles discutent avec leurs parents via Skype. Un moment douloureux pour Illinca. Noël approche et ses parents ne sont pas là.
Heureusement, un souffle lui parvient, une respiration dans sa bulle toute triste: un concours d’arts plastiques est organisé à l’école. Elle fait équipe avec Florin, un garçon rom de sa classe. Ensemble, ils arpentent Bucarest, un appareil photo dans les mains d’Ilinca et de la poésie dans le cœur de Florin.Ilinca va poser sur sa ville, un regard différent. Elle va y trouver de la douceur, de la chaleur, de la lumière, des couleurs, des senteurs, des quartiers jusqu’alors inconnus, des gens généreux… Comment ses parents ont-ils pu laisser cette ville pleine de joie ? Leurs bras et leurs voix lui manquent tellement… Heureusement, Bucarest l’enveloppe, la rassure, lui tient chaud. Et puis Florin est là, lui.
Mais derrière le décors, la réalité la surprend et la désarme : préjugés et racisme, différences et contradictions, apparences, silence et dissimulations.
Un roman d’ombre et de lumière qui se déploie avec sensibilité et humanité.
» Tes saisons, Bucarest, sont une vraie provocation pour mes sens. (…) Quand je sors et que tu me prends dans tes bras, quand tu souffles ton air chaud ou froid sur mes joues, ma peau se colore, vivante et réagissant au souffle de ta bouche. Je me love dans ta brise, m’enroule à tes fils électriques et tourne dans ton grand manège. »
» La langue roumaine réunit l’attente, le manque et le regret en un seul petit mot, qu’aucune autre langue ne peut traduire : le dor. Et je crois qu’en ce moment l’état de mon âme est tout entier contenu dans ces trois lettres. »
« Je crois que ma grand-mère « entend » ce que je ressens. Elle a pris l’habitude de me laisser des petits mots dans des endroits que je suis la seule à connaître. Hier soir, j’ai trouvé glissé dans la couverture de notre canapé-lit : « Ton coeur est un accordéon, il faut respirer pour que la musique s’en échappe. » »
« À l’école, je suis avec tout le monde et avec personne à la fois. À force de voir s’en aller les gens auxquels on est attachés, on finit par ne plus s’attacher à quiconque. Je suis là sans être là. «
— Strada Zambila, roman jeunesse de Fanny Chartres, illustration de couverture Iris de Moüy, à partir de 9 ans, L’école des loisirs, 214 pages, Janvier 2017 —
Ah voilà, tu l’as terminé ! Un très beau roman que signe ici Fanny Chartres !
Oui, un chouette roman! Elles ont bien du talent les sœurs Chartres.
Vous êtes unanimes les filles, tentant !
On n’en parle pas assez sur la blogosphère, c’est dommage.
Le billet de Moka m’avait alléché, tu confirmes !
Ce petit roman te plairait, c’est sûr!
Il n’y a rien de plus grand que le pouvoir d’un ami. Sans obstruer notre regard, il est un guide qui éclaire notre chemin et nous rassure. Belle thématique ma Nadège dans ce livre ❤
Bisous
Un roman sensible, et la découverte pour moi de Bucarest.