La nature est toute-puissante. Belle et généreuse, elle peut devenir soudainement féroce et rebelle. L’homme, petit point dans l’immensité, est incapable de contrer sa force. Et pourtant, il est souvent responsable de son emportement. Le réchauffement climatique de la planète vient principalement de l’activité humaine – émission de gaz à effet de serre –. Les conséquences sont désastreuses. La petite Nani, huit ans, et sa famille vont y être confrontés.
Leur île merveilleuse, celle qui les a élevés, nourris, soutenus est en train de fondre, de s’enliser peu à peu dans la mer. Une tempête fait rage : des trombes d’eau déferlent, les montagnes alentours s’effondrent, les rivières quittent leur lit. Il faut fuir pour survivre. Tout quitter et aborder une nouvelle terre. Abandonner ses racines et porter en soi la mémoire de cet attachement.
Enoha, le grand-père de Nani est vieux et ne marche plus depuis longtemps. Sa femme et lui demeureront sur l’île qui les a vu naître mais il encourage vivement sa famille à s’en aller. Il va confier à sa petite-fille une pierre arrachée à sa maison – qu’elle posera près de son nouveau foyer – , un oiseau en bois – qui voyagera avec elle, toujours et partout – et un petit sac de lettres écrites de sa main, des mots qui l’accompagneront sur le chemin de sa vie, des pensées universelles et fraternelles, des réflexions intimes, des bouts de sa propre histoire, autant de petits cailloux semés pour elle. Emplis d’humanité, de tendresse et d’espérance.
Après un bref adieu à leur île, la traversée commence, longue et mélancolique pour Nani et ses parents. Avec bonheur, Nani va renconter un garçon de son âge, Semeio. Seul, sans famille, Nani et les siens l’accueillent à bras ouverts. Ensemble, les deux enfants lisent les lettres d’Enoha…
Avec sensibilité et poésie, kochka déroule ses mots jusqu’à nous. Des mots-empreinte, des mots-mémoire, des mots-témoignage. Avec finesse et douceur, Tom Haugomat dépeint magnifiquement l’émotion ressentie avec seulement trois couleurs.
Parcours de l’exilé. Périple entravé. Cheminement intérieur. Passage et apprentissage. Amour d’un grand-père. Un voyage vers la fraternité.
« Dans le coeur, on a une grande armoire, Nani, remplie de millions de tiroirs, et tout ce qu’on a appris et aimé est là, bien rangé au fond de soi : les gens, les choses, les animaux et les plantes… Même des choses qu’on croit avoir oubliées. Et certaines phrases aussi, Nani ! Et des chants, des odeurs, des mots et des poésies… »
« Mais, quand on voyage sur la terre et qu’on croise d’autres personnes, en dépit de toutes les différences qui peuvent nous sauter au visage et qui peuvent nous séparer, on doit se dire qu’au fond, nous sommes tous sortis du ventre de la même maman, et que nos corps à tous fonctionnent suivant les mêmes mécanismes. Souvenez-vous quand vous rencontrerez les gens du continent. Rappelez-vous qu’à la base nous sommes tous frères, et que dans le fond nous sommes pareils, d’accord? »
« Je veux te parler des mystères parce que le monde en est rempli. Il y a ce qu’on voit et tout ce qu’on ne voit pas… Par exemple, qui sait ce qui se passe à notre insu sous la terre ? Peut-être que, sans rien dire, les arbres mélangent leurs racines ? Peut-être se tiennent-ils tous par en-dessous ? Peut-être qu’en parlant avec un arbre qui se trouve d’un côté de la terre, on peut communiquer avec des arbres qui sont de l’autre côté ? Peut-être que ce qu’on fait à un arbre, on le fait à tous les arbres ? Peut-être que tout se tient… »
— Frères d’exil, roman illustré en trichromie écrit par Kochka et illustré par Tom Haugomat, Flammarion jeunesse, Septembre 2016 —
Il a l’air beau cet album. Du même dessinateur, tu connais Hors Piste ? Je l’avais lu dans le cadre du Prix Nénuphar.
C’est plutôt un roman illustré. Oui, je connais et j’ai beaucoup aimé Hors Piste écrit par Maylis de Kerangal.
Wouaw. Merci pour cette belle découverte, je le note, je le note.
J’espère qu’il te plaira!
Un voyage vers la fraternité, comme c’est bien dit ! J’ai tellement aimé ce roman…
C’est le premier livre de Kochka que je lis… j’ai beaucoup aimé.
Un très beau roman de Kochka, j’ai adoré !
Il est très beau. Hâte de découvrir les précédents livres de Kochka.
Ça c’est un petit bijou, c’est certain ! Je lis ton billet et pleins de mots résonnent en moi : humanité, sensibilité, poésie, douceur. Un grand coup de cœur, je n’ai pas de mal à te croire ma Nadège…
Gros bisous
Ce petit livre est un condensé d’amour. Bises.