Oscar et la dame rose – Éric-Emmanuel Schmitt

Oscar
Oscar a dix ans. Atteint d’une leucémie, ses jours sont comptés. Haut comme trois pommes et léger comme une plume, le crâne nu et le corps affaibli, il déambule pourtant dans les couloirs de l’hôpital, parle avec ses amis, affublés de surnoms funambulesques ; Pop Corn, Bacon, Einstein ou la fée bleue Peggy Blue. Il joue, il rit même, et quand la fatigue s’empare de lui, qu’une lourdeur pèse sur ses petites épaules, il rentre dans sa chambre, s’allonge sur son lit et attend qu’un peu de force revienne. À son réveil, Mamie-Rose est là. Douce et pleine de fantaisie, ange gardien, garde-malade, une petite mamie sucrée et tendre qui l’enveloppe de bienveillance et de tendresse. Elle veille sur lui, éclaire ses journées, l’accompagne, le distrait, et l’apaise surtout. Ses parents, il ne les voit que le dimanche… ils apportent avec eux leur triste mine et leur chagrin. Selon Oscar, ils n’ont rien compris. Leur peur est palpable et pourtant ils ne disent rien. Ils se murent dans leur silence. Leur posture est figée, leur sourire envolé, leur coeur éteint.
Heureusement, la dame rose parsème la vie d’Oscar de bulles légères et joyeuses, lui narrant ses exploits abracadabrantesques de grande catcheuse, de pensées délicates et de réflexions justes. Alors que le chemin de vie d’Oscar s’efface peu à peu, elle lui conseille d’écrire à Dieu, une lettre chaque jour. Même s’il ne croit pas en lui, qu’il mette en mots quotidiennement ses interrogations, ses doutes, ses angoisses et fasse un voeu. Et puis elle lui propose de vivre une vie en accéléré ; une journée équivalant à dix ans. Oscar passe donc par tous les âges de la vie, du bébé au vieillard en passant par l’adolescent ou le jeune marié. Une écriture sensible, limpide et pénétrante, portée par des mots doux, purs, graves, drôles et lucides. Un immense petit livre rempli d’amour, de vie et d’espoir.

« La souffrance physique, on la subit. La souffrance morale, on la choisit. – Je ne comprends pas. – Si on t’enfonce des clous dans les poignets ou les pieds, tu ne peux pas faire autrement que d’avoir mal. Tu subis. En revanche, à l’idée de mourir, tu n’es pas obligé d’avoir mal. Tu ne sais pas ce que c’est. Ça dépend donc de toi. »

« – Ils ont peur de moi. Ils n’osent pas me parler. Et moins ils osent, plus j’ai l’impression d’être un monstre. Pourquoi est-ce que je les terrorise ? Je suis si moche que ça ? Je pue ? Je suis devenue idiot sans m’en rendre compte ? – Ils n’ont pas peur de toi, Oscar. Ils ont peur de la maladie. – Ma maladie, ça fait partie de moi. Ils n’ont pas à se comporter différemment parce que je suis malade. »

« J’ai compris que tu étais là. Que tu me disais ton secret : regarde chaque jour le monde comme si c’était la première fois. Alors j’ai suivi ton conseil et je me suis appliqué. La première fois. Je contemplais la lumière, les couleurs, les arbres, les oiseaux, les animaux. Je sentais l’air passer dans mes narines et me faire respirer. J’entendais les voix qui montaient dans le couloir comme dans la voûte d’une cathédrale. Je me trouvais vivant. Je frissonnais de pure joie. Le bonheur d’exister. J’étais émerveillé. Merci, Dieu, d’avoir fait ça pour moi. J’avais l’impression que tu me prenais par la main et que tu m’emmenais au coeur du mystère contempler le mytère. »

« J’ai essayé d’expliquer à mes parents que la vie, c’était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau : on croit avoir reçu la vie éternelle. Après on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque prêt à le jeter. Enfin, on se rend compte que ce n’était pas un cadeau, juste un prêt. Alors on essaye de le mériter. »

Un immense merci à ma douce amie Nadine de m’avoir offert ce livre.

Oscar et la dame rose, roman d’Éric-Emmanuel Schmidt, Albin Michel, paru en 2002 —

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11 commentaires sur “Oscar et la dame rose – Éric-Emmanuel Schmitt

  1. Il m’arrive de le relire rien que pour admirer le courage du petit Oscar. Il y a tellement d’amour dans ce petit livre, celui de Mamie Rose mais aussi l’amour d’Oscar pour la vie qui l’entoure et qu’il arrive à apprécier encore malgré la fin imminente. Je le lis toujours avec les yeux plein d’eau mais aussi une grande admiration pour ce petit garçon auquel on ne peut faire autrement que s’attacher…
    Je suis tellement heureuse que tu l’aies aimé…
    Je t’embrasse très fort

    1. Les larmes me sont montées aux yeux mais n’ont pas coulé. Pas de pathos dans ce petit livre, il parle de la vie et de la mort avec sensibilité et délicatesse mais il n’est pas sombre. Je l’ai trouvé au contraire lumineux. Merci de m’avoir offert ce beau livre. On regarde la vie autrement après cette lecture… Je t’embrasse.

    1. De mon côté, je ne connais pas le film… il me tente d’ailleurs maintenant! C’est la première fois que je lisais Schmitt, mais un autre livre m’attend : Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran…

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