Les plumes… (46) chez Asphodèle

LesplumesLes mots à placer étaient :

belle – gardien – lapin – destin – envolée – fermer – souffle – partage – quitter – s’abstraire – voyage – cavale – réchapper – chose – respirer – poète – nid – rêve – vie – doux – fugue – oiseau – imaginer – balles – poudre – bercée

Que j’aime l’observer. Le regarder se mouvoir dans l’espace, rire aux éclats, virevoleter, courir. L’écouter parler, chanter, réciter, expliquer. Etudier son regard, les expressions de son visage, ses gestes, ses réactions. Guetter une ressemblance, deviner ses pensées, soupçonner un secret. Sentir son souffle sur mon cou quand on se serre très fort l’un contre l’autre. L’embrasser, le caresser, l’enlacer. Mettre de la lumière sur des points obscurs, panser ses plaies, le rassurer. Le porter à nouveau, petit poids plume. Lui chuchoter des mots doux à l’oreille. Lui donner tout, en partage.
Lui, petite chose fragile que j’ai tant bercée. Minuscule grenouille recroquevillée dans son lit à barreaux, doudou lapin lové dans ses bras potelés. Je l’écoutais respirer.
Il aura bientôt des rêves de voyages plein la tête, connaîtra par coeur des vers de Baudelaire, le poète. Il frissonnera d’émotion en entendant les préludes et les fugues de Bach. De cavales en envolées lyriques, il tombera amoureux, éperdument…
Et puis un jour, il quittera le nid. Le bel oiseau volera de ses propres ailes vers son destin. Ici, la porte ne se fermera jamais, j’en suis le gardien. Il jonglera avec la vie, plusieurs balles dans les mains, autant d’envies, de désirs, de projets, de désillusions aussi. Certains lui jetteront de la poudre aux yeux, mais il parviendra à en réchapper. Même parsemée d’embûches, sa route sera belle, j’en suis sûr. Car il saura s’abstraire pour réfléchir et pour rêver. Enfin, j’aime l’imaginer ainsi.

30 commentaires sur “Les plumes… (46) chez Asphodèle

  1. Jolis mots emplis d’émotion. La grenouille ne se transforme pas toujours, mais on ne peut l’empêcher de suivre sa route… Belle fin de semaine avec le temps qui correspond si bien ! 😉

    1. C’est évidemment toute cette violence qui a inondée la France, qui m’a fait naturellement tourner la tête et le coeur vers mes enfants… Merci.

  2. Je n’ai pas encore lu Marie-Jo mais j’aime l’angle que tu apportes à ces mots avec l’amour maternel, qui, vu les circonstances tragiques de ces derniers jours a été mis à mal. Alors rêver d’un monde clément pour son enfant, n’est-ce pas la plus belle chose qui soit ? 😉 Un très joli texte, encore une fois, fluide et tout en douceur sensible…

    1. Je n’aurais pas pu parler d’autres choses que de mes enfants à ce moment-là. Avec cette tragédie, cette barbarie, je n’avais d’yeux que pour ma progéniture… Merci Isabelle pour tes mots.

  3. Un beau texte d’Amour plein de sensibilité, de délicatesse… Quand le petit quittera le nid, il n’en sera que plus beau, plus fort… Merci Nadège pour ce partage 🙂

  4. Tu parles au coeur de toutes les mères…et de tous les pères aussi, bien sûr !
    C’est juste magnifique.
    ¸¸.•*¨*• ☆

  5. Ma belle Amie, tu es la magicienne des mots. Et ceux que tu exprimes ici sont d’une tendresse infinie. Je leur souhaite de lire ces mots un jour, ton fils et ta fille, ils ont une maman exceptionnelle et pleine d’amour. C’est le plus beau cadeau que tu puisses leur faire, un héritage d’amour pour la vie… Un texte très émouvant…
    Je t’embrasse

  6. Moi non plus je ne vexu pas qu’elle grandisse ma crevette. Enfin si, je veux qu’elle soit libre et explore le monde, mais j’aimerais tellement la garder au creux de moi pour toujours… C’est ca les mamans!

      1. Voui. En même temps, pour l’instant mademoiselle est encore bien « pot de colle », au plus grand bonheur de sa maman 😉

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