Paysage dans le Val d’Aoste, Joseph Mallord William Turner
Inscription
Mon âme est comme un ciel sans bornes ;
Elle a des immensités mornes
Et d'innombrables soleils clairs ;
Aussi, malgré le mal, ma vie
De tant de diamants ravie
Se mire au ruisseau de mes vers.
Je dirai donc en ces paroles
Mes visions qu'on croyait folles,
Ma réponse aux mondes lointains
Qui nous adressaient leurs messages,
Éclairs incompris de nos sages
Et qui, lassés, se sont éteints.
Dans ma recherche coutumière
Tous les secrets de la lumière,
Tous les mystères du cerveau,
J'ai tout fouillé, j'ai su tout dire,
Faire pleurer et faire rire
Et montrer le monde nouveau.
J'ai voulu que les tons, la grâce,
Tout ce que reflète une glace,
L'ivresse d'un bal d'opéra,
Les soirs de rubis, l'ombre verte
Se fixent sur la plaque inerte.
Je l'ai voulu, cela sera.
Comme les traits dans les camées
J'ai voulu que les voix aimées
Soient un bien, qu'on garde à jamais,
Et puissent répéter le rêve
Musical de l'heure trop brève ;
Le temps veut fuir, je le soumets.
Et les hommes, sans ironie,
Diront que j'avais du génie
Et, dans les siècles apaisés,
Les femmes diront que mes lèvres,
Malgré les luttes et les fièvres,
Savaient les suprêmes baisers.
Charles Cros, Le Collier de griffes, 1908
Autres poèmes choisis :
Asphodèle et L'infini de Giacomo Leopardi
« LylouAnne , jeudi dernier nous avait concocté un superbe billet mêlant des pivoines, en images et en extraits de poésie. Billet que je n’avais même pas eu le temps de commenter alors ce n’est que justice de le présenter aujourd’hui !
- Modrone-Eeguab et un Verlaine : À Horatio qui se trouve être en harmonie avec son été shakespearien !
- Valentyne nous a trouvé Les jockeys mécaniques chez Pierre Réverdy…
- Jacou et un poème de Roumanie.
- Monésille et un Théophile Gautier, bucolique… »
Publicités
Hé bé deux fois que je copie ton lien et que ça ne marche pas, j’espère que ça ne vient pas de ma « panne » EDF de ce matin ou pire de WP !!! 😥 celui de Modrone non plus ne marchait pas ! Bouh ! Sinon, quel beau poème, j’avais étudié un peu cet artiste-scientifique, visionnaire et j’avoue que son éclectisme m’avait épatée ! Ce poème le décrit très bien ! 😉 Bises Nadael.
J’ai souvent des problèmes avec wordpress aussi… Je connais peu ce poète, je suis tombée par hasard sur ce poème-là et je l’ai trouvé sublime.
Charles Cros, effectivement bricoleur visionnaire et multicartes comme on di « si joliment » maintenant. Un beau moment d’un artiste un peu trop ignoré. C’est vrai que la postérité est encombrée.
Ce poème-là m’a donné envie de découvrir davantage son oeuvre.
Je en connaissais de lui que le hareng saur avoue que c’était limité ! Ce poème là est lumineux, un véritable éblouissement de syllages ouvertes. Merci .
Oui, il baigne dans une lumière éblouissante et étourdissante ce poème.
Le soleil d’été sans doute y a-t-il mis un peu du sien.
Bises
Tu as sans doute raison! Le soleil avait « rangé » ses chauds rayons aujourd’hui chez moi, un peu de fraîcheur est entrée dans la maison pour le bien de tous…cette canicule devenait épuisante…
Euh! Tellement beau que j’en resterai là !
Je t’embrasse
Ses mots sont si beaux que les nôtres semblent bien pauvres à côtés, je comprends…
J’ai vu les pierres précieuses défiler et scintiller …
Très beau poème 🙂
Une lumière éblouissante se dégage de ce poème.