Photo personnelle – Bretagne 2014
La goutte de pluie
Je cherche une goutte de pluie
Qui vient de tomber dans la mer.
Dans sa rapide verticale
Elle luisait plus que les autres
Car seule entre les autres gouttes
Elle eut la force de comprendre
Que, très douce dans l’eau salée,
Elle allait se perdre à jamais.
Alors je cherche dans la mer
Et sur les vagues, alertées,
Je cherche pour faire plaisir
À ce fragile souvenir
Dont je suis seul dépositaire.
Mais j’ai beau faire, il est des choses
Où Dieu même ne peut plus rien
Malgré sa bonne volonté
Et l’assistance sans paroles
Du ciel, des vagues et de l’air.
In La Fable du monde (1938), Jules Supervielle
D’autres poèmes choisis : Asphodèle avec John Keats, Valentyne et un extrait d’Aurélien de Louis Aragon, Modrone-Eeguab nous parle de « Rilke via Aragon » …, Sandrion et La mort du loup d’Alfred de Vigny.
J’aime tant ce texte que je l’avais déjà choisi en mars 2014. A bientôt.
Je connais très peu Supervielle… ce texte-ci donne envie d’en savoir davantage sur ce poète.
Je ne me lasse pas de le relire ! J’ai « mal » aimé Jules Supervielle quand j’étais plus jeune, à étudier surtout c’était bof et maintenant je l’aime énormément… Ta photo est nostalgique et empreinte de sérénité. Ce petit château de sable, seul face à la mer… 😉
En ce qui me concerne, je ne l’ai pas du tout étudier à l’école… je découvre sa poésie maintenant… Ce sont mes enfants qui avaient fait ce château, c’était toujours un peu triste pour eux de le laisser quand il fallait rentrer…
Merci de la part d’une spécialiste de Supervielle !
Un poète que je découvre et j’aime beaucoup.
Supervielle parle si bien de cette goutte , du regret , de l’immensité de la mer … Émouvant …
Ce poème m’émeut beaucoup aussi… oui partir de presque rien et tendre vers l’infini…
J’aime tellement Supervielle (même si je ne connais pas ce poème) et toujours ce thème si ténu, si fragile de l’impossible mémoire!
Je suis en train de le découvrir… quel poète…
J’ai appris à connaître cet auteur de poésies à l’école, dans le cycle supérieur 🙂
Alors je m’arrête en lisant un poème, car je les aime, et te remercie pour ce partage.
Je me suis arrêtée chez toi et ai lu quelques articles de toi. Ceci via les prises réelles, le jeu de R. Queneau 🙂
Je ne participe plus aux réels de Queneau, j’aime beaucoup l’idée mais cela prend trop de temps… Supervielle est un grand poète que je connais très peu… je vais me rattraper!
En effet, cela prend du temps, mais je viens comme je peux. Là je pars en vacances et mes « aujourd’hui » restent en toute liberté 🙂 Merci pour ton gentil commentaire.