Sous le regard bienveillant et clairvoyant du poète, nous entrons dans ce recueil avec douceur et délicatesse, comme s’il nous murmurait ses mots à l’oreille. Nous l’écoutons nous raconter ces petits riens qui parsèment nos existences, la lourdeur du quotidien, la légèreté des rêves, un monde qui marche parfois sur la tête, des instants de grâce, l’écoulement indomptable du temps, notre condition de terrien mortel, les joies de l’amour et de l’amitié, l’émerveillement de l’enfance, les tourments intérieurs, la grandeur de la nature et la petitesse de l’homme, la colère, la bêtise, le mensonge…
Ainsi, le poète nous parle du ciel, de son immensité, de son mystère, du calme après la tempête et vice versa. Du vent qui souffle plus ou moins fort et balaye nos idées noires tout comme la pluie qui lave et estompe. Et les bulles de savons s’envolent et éclatent. Contemplation.
Et au fil des pages, tout un bestiaire défile ; héron, araignée, rat, éléphant, abeille, chien… le monde végétal aussi ; l’herbe grasse, les plantes, les fleurs, leurs couleurs, leurs parfums… c’est la vie qui va et vient. Naît et meurt. La nature est luxuriante ou désertique, le soleil réparateur ou querelleur, les rivières indociles ou taries, la nuit délivre ses cauchemars ou ses secrets, les plaisirs minuscules ou les grandes terreurs jaillissent quand on ne s’y attend pas.
Les poèmes sont brefs, les mots y courent comme un flot, sans obstacle, sans ponctuation. L’auteur joue avec eux, selon leurs sens, leur beauté, leur laideur, leur puissance, leur faiblesse, leurs destinataires. Pas d’envolée lyrique, pas de phrase alambiquée. Juste un murmure. Un bruissement de mots. L’essentiel.
Un grand livre de petits poèmes à lire et relire sans modération.
Petit linge intime du ciel
Des trouées mauves
dans la toile noire
un scintillement glacé
qui s’installe
du tulle blanc
virant au rose
petit linge intime du ciel
le jour se lève
Tout vient à point qui sait étendre
Pour y voir plus clair je ferme les yeux
pour me relever je me couche
pour arriver plus vite je ralentis
pour échanger je donne
pour parler je me tais
pour apprendre je pratique
pour avancer je m’arrête
pour construire je détruis
pour savoir j’oublie
pour tenir je relâche
Au jour sans jour
Le matin est en cendre
et demain est en miette
nous jouons dans nos ruines
L’homme mesure
L’homme mesure
ça le rassure
c’est une drôle de manie
il a mesuré la terre
l’eau même l’air
et puis le ciel
peut-on mesurer le ciel
et son usure
peut-on mesurer l’usure du ciel
l’enfant pose la question
l’homme se retrouve bien bête
mesuré mais muselé
l’homme mesure
l’enfant lui
démesure
— Juste après la pluie, recueil de 280 poèmes de Thomas Vinau, Alma éditeur, Janvier 2014 —
Ca y est, il est sorti en librairie ??
Il sort jeudi en librairie, je crois. Ravie d’avoir retrouvé sa plume.
Je le regarderai de très près. Ca a l’air vraiment très beau, et les extraits que tu as mis me donnent vraiment envie de m’aventurer plus avant. Merci, je l’aurai laissé passer.
Je te conseille de lire également son roman Ici ça va.
moi et la poésie, hélas…
Je peux comprendre…
Son titre précédent est dans ma pal, c’est un auteur qui a tout pour me plaire.
Je pense effectivement qu’Ici ça va pourrait te plaire.
Un auteur dont le style a vraiment été une révélation pour moi, une magnifique surprise… J’ai encore son premier roman sur ma PAL, je pense que je commencerais par lui, avant de me lancer dans sa poésie.
Je n’ai pas encore lu son premier roman. La poésie est très présente dans son roman Ici ça va. C’est un plaisir de retrouver son écriture.
Je ne connais pas ses romans mais sa poésie me tente bien.
C’est une poésie assez dépouillée et délicate.
Je le préfère dans la concision : Au jour sans jour reste mon préféré de ceux que tu présentes. Bisous
Ses petits textes ressemblent un peu à des haikus…
C’est très beau, ça chante et ce sont de merveilleux poèmes que les enfants peuvent entendre ausii.
Tiens j’avais pas pensé à cela mais tu as tout à fait raison, certains poèmes peuvent être entendu et lu aux enfants.
Bon j’ai essayé…et je suis plus que séduite ! Du coup, je le présente aux bibliothèques, pour une fois qu’on peut leur présenter de la poésie !!
Je suis ravie que ce recueil te plaise. Et c’est vraiment chouette que tu le présentes aux bibliothèques!! La poésie mérite une place beaucoup plus grande que celle qu’on lui donne pour le moment. On passe de très beaux moments à lire de la poésie.
C’est un peu tombé en désuétude, mais je trouve, à quelques rares perles près, comme Vinau, que la poésie contemporaine française n’a plus autant de puissance qu’avant. Quant à l’étrangère, la traduction pose un véritable obstacle, finalement, même si les images restent.
Je crois qu’il y a de bons poètes de nos jours mais ce genre intéresse peu de gens… donc peu de publications. Pourtant comme tu le dis il y a des perles… les gens aiment lire des histoires, la poésie est une écriture plus exigeante, et rebute donc.
La poésie est une histoire, si la poète est doué 🙂
Des mots comme un grand poème, des mots à la Thomas Vinau, mon nouveau coup de coeur littéraire.
Savais-tu que les tiens, de mots, m’enchantent tout autant? :-*
Je t’embrasse fort